Un livre-comédie musicale, une histoire d'ados fâchés contre leur parents et rapprochés par la musique... J'avais peur qu'Une guitare pour deux soit ce genre de roman niais et dégoulinant de bons sentiments. Après lecture, je vous affirme qu'il ne l'est pas du tout et que j'ai même passé un très bon moment de lecture !

Une guitare pour changer son regard sur le monde
Tripp et Lyla sont des musiciens : lui joue de la guitare, elle du violoncelle. De prime abord, ils n'ont rien en commun : Tripp est un cancre rebelle, Lyla une jeune fille modèle. Quand ils se retrouvent à devoir partager une salle de répétition au lycée, c'est le clash : le comportement de l'un se confronte aux bonnes manières de l'autre... jusqu'à ce qu'une guitare les rapproche. Naît alors une amitié sans borne grâce à laquelle Tripp et Lyla partagent tout : les relations avec leurs parents, les joies et les doutes de l'adolescence...

Je vais être très franche : lorsque l'on m'a envoyé ce roman composé au quart de chansons d'ados, j'ai eu un peu peur. Peur d'un livre niais, "cul-cul", débordant de bons sentiments et de leçons de vie à la noix. Mais j'ai vite ravalé mes préjugés : Une guitare pour deux est certes un livre-musical (au sens où la musique y est non seulement le thème central mais compose une bonne partie du contenu même du livre, comme en témoigne les paroles et tablatures rassemblées à la fin de l'ouvrage), mais c'est aussi un très bon roman jeunesse. L'auteur a fait un réel effort de construction, à la fois de ses personnages et de l'intrigue, et a soigné son style, si bien que je me suis surprise à tourner les pages de manière addictive.

Si j'ai largement passé sur les chansons, j'ai bien senti que l'auteur transmettait là sa passion pour la musique, et pour la guitare en particulier, à travers une intrigue bien pensée et tout sauf bancale, qui aborde sans superficialité des thèmes tels que l'amitié, l'adolescence et la perte d'un être cher. Au final, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre ces deux adolescents en pleine découverte d'eux-même, et j'ai été agréablement surprise par ce roman qui plaira certainement aux ados, même s'ils n'ont pas l'habitude de lire.

Une guitare pour deux de Mary Amato, Nathan Jeunesse, 2013, 288 pages

Je remercie chaleureusement les éditions Nathan Jeunesse qui m'ont gracieusement envoyé ce livre.


Paris, 1733. La baronne de Fontaine-Martel, chez qui le sulfureux philosophe Voltaire coulait des jours heureux et à moindre frais, est retrouvée assassinée d’une des plus horribles manières qui soient : la malheureuse a été empoisonnée, étouffée, poignardée et étranglée. Trop occupé à superviser le déménagement d'un cimetière, René Hérault, le chef de la police, pose un ultimatum à Voltaire : il devra mener l’enquête sur ce meurtre à sa place et en toute discrétion ; sinon, direction la Bastille pour toutes les horreurs irréligieuses et anticonformistes que le philosophe a écrites !

Voltaire, enquêteur effronté
Nous voici donc suivant Voltaire, canaille pique-assiettes sans scrupules et sans vergogne, galopant à travers les rues de Paris à la poursuite d’un assassin fantôme. Sur un malentendu, il se retrouve assisté de Mme de Breteuil, marquise du Châtelet enceinte jusqu’au cou mais qui ne tient pas une minute en place. A eux deux, ils suivent toutes les pistes que sème le mystérieux meurtrier. 

Quiproquos, scènes cocasses et dialogues surprenants, le lecteur n’est pas en reste. Sur un rythme effréné, Frédéric Lenormand met en scène un Voltaire survolté, très drôle et qui n’a pas sa langue dans sa poche. Sur fond de faits historiques réels et fort bien documentés, l’auteur déploie une intrigue policière qui se lit avec délectation

J’accorde une mention spéciale au style, pastiche humoristique de celui de Voltaire, tel qu’on peut le connaître dans Candide, par exemple. Cette écriture vive, pleine d’esprit et de jeux de mots participe clairement à l’hilarité générale qui émane de ce roman. Détente et plaisir assurés !

La baronne meurt à cinq heures de Frédéric Lenormand, Le Livre de Poche, 2013, 276 pages


Alors que j'avais adoré Le livre de Johannes, premier roman de Jorgen Brekke, c'est avec beaucoup d'attentes que j'ai lu sa suite, Mélodie pour une insomnie. Un thriller efficace et violent, mais qui m'a tout de même légèrement déçue par rapport au Livre de Johannes.

Un meurtrier mélomane
Quelques mois après l'affaire des parchemins, l'inspecteur Odd Singsaker reprend du service. Cette fois, il enquête sur un meurtre sanglant et et une étrange disparition : une chanteuse est retrouvée assassinée, gorge tranchée et cordes vocales arrachées, une boîte à musique à la place du larynx. Et lorsque une autre chanteuse, vivant dans le quartier de la défunte, disparaît à son tour, toute la police est sur le qui-vive pour retrouver un assassin fasciné par les berceuses de Jon Blund, un troubadour du XVIIIe siècle, dont les chansons sont sensées donner le sommeil...

Mélodie pour un insomnie est construit sur le même mode que Le livre de Johannes : une intrigue contemporaine mettant en scène Singsaker et ses collègues de la police norvégienne, et une intrigue secondaire, historique celle-ci, faisant le lien avec les motivations du meurtrier. Les chapitres s'imbriquent de la même manière, si bien que l'effet de surprise qui existait dans Le livre de Johannes est un peu gâché à la lecture de Mélodie d'une insomnie : au bout de quelques chapitres, j'avais déjà compris la motivation du tueur et mon intérêt à la lecture a donc diminué.

Attentions âmes sensibles : Mélodie pour une insomnie est un roman très violent, bien plus que ne l'était déjà Le livre de Johannes. Nous avons là affaire à un meurtrier qui ne sait pas garder son sang froid, et qui inflige à ses victimes des coups d'une extrême violence, que l'auteur nous restitue avec force détails. 

Malgré les scènes très rythmées, j'ai trouvé un certain nombre de longueurs au livre, notamment dans les chapitres historiques et dans la description de la relation Singsaker-Felicia, qui ne sert pas réellement l'intrigue et semble donc annoncer une suite. Enfin, j'ai regretté les réflexions et clins d'oeil de l'auteur sur la littérature policière qui m'avaient tellement plus dans Le livre de Johannes et sont quasi-inexistantes dans Mélodie pour une insomnie

Après avoir tant aimé Le livre de Johannes, je ne pouvais m'empêcher de faire une lecture comparative de Mélodie pour une insomnie, qui peut se lire, à mon sens, indépendamment du premier tome, et reste malgré tout un thriller diaboliquement efficace.

Mélodie pour une insomnie de Jorgen Brekke, éditions Balland, 2013, 394 pages

Je remercie chaleureusement les éditions Balland et Babelio qui m'ont gracieusement envoyé ce livre dans la cadre de l'opération Masse Critique.

Une lecture, un avis court, une note !
Pour lire mes avis détaillés (quand il y en a) sur chaque livre, cliquez sur le titre.

Juin fut le mois de l'alternance : à un roman "sérieux", un roman "détente". Du coup, j'ai conservé mon allure de lecture ce mois-ci : j'ai lu 6 livres.



Un roman trash et déroutant sur le vide de l'existence, écrit d'une écriture aussi nihiliste que le sujet qu'il aborde. Un bon livre mais qui n'est définitivement pas à mettre entre toutes les mains. Mon conseil : prévoyez une lecture "détente" pour la suite.
Ma note : 15/20



Ma lecture détente du mois ! Après Moins que zéro, j'en avais bien besoin, et Sophie Kinsella a décidément un talent fou pour remonter le moral ! Un excellent bouquin qui m'a beaucoup fait rire !
Ma note : 18/20



La baronne meurt à cinq heures de Frédéric Lenormand
Un très bon policier historique qui met en scène un Voltaire enquêteur et très farceur. Traits d'esprit, quiproquos et situations cocasses peuplent ce roman drôle et original.
Ma note : 15/20



Mélodie pour une insomnie de Jorgen Brekke
Une déception par rapport au premier roman de l'auteur, Le livre de Johannes. Ce roman reste un bon thriller, très violent cela dit.
Ma note : 13/20



Une guitare pour deux de Mary Amato
Un bon roman jeunesse pas niais pour deux sous, avec lequel j'ai passé un bon moment sans prise de tête.
Ma note : 15/20



Adieu de Jacques Expert
Un roman-monologue qui m'a littéralement happée. L'histoire est parfois difficile, mais terriblement addictive, et la fin m'a scotchée.
Ma note : 16/20


Et vous, qu'avez-vous lu ce mois-ci ?


Une héroïne pétillante, des situations hilarantes, Confessions d’une accro du shopping, le premier tome de la saga de l’Accro du shopping de Sophie Kinsella, est le livre anti-dépresseur par excellence, idéal en cas de coup dur ! 

Une belle tranche de rire 
Rebecca Bloomwood est journaliste économique dans un petit journal financier. Ou du moins fait semblant de l’être ! Car elle est plutôt mal placée pour délivrer des conseils en gestion de budget : véritable acheteuse compulsive, elle ne peut pas s’empêcher de craquer pour toutes les belles choses qui lui tombent sous la main. Fringues, maquillage, crèmes de beauté, accessoires déco… tout y passe, ce qui lui vaut d’être harcelée par son banquier. 

Du début à la fin, Becky s’évertue à éviter son banquier, en prétextant des excuses plus farfelues les unes que les autres (« mon chien est mort », « ma tante est morte », « je me suis cassé la jambe », « j’ai la mononucléose », etc.), comme nous le montrent les courriers de la banque insérés entre chaque chapitre. Parallèlement, elle met en place un plan d’action pour dépenser moins, usant de toutes les méthodes qui lui passent par la tête : épargner 60 livres par semaine, écrire des piges, épouser un millionnaire… Mais cela ne fonctionne jamais, pour notre plus grand plaisir ! 

Toujours empêtrée dans des situations ubuesques, Becky m’a fait hurler de rire durant toute ma lecture. Bien qu’agaçante par moments (il faut reconnaître que c’est une sacrée menteuse !), rêveuse mais tellement drôle, Becky a réussi à me faire retrouver ma bonne humeur ! C’est une bonne copine fraîche et pétillante, naïve et attachante à la fois. 

Côté style, il faut admettre que Sophie Kinsella a un réel talent pour imaginer des scènes hilarantes, écrire des dialogues incisifs et décrire des personnages profondément humains, dans le but de faire rire son lecteur. J’ai littéralement adoré ce roman et l’ai lu comme on aspire une bonne bouffée d’air frais. 

Vous cherchez à entraîner vos zygomatiques ? Lisez Confessions d’une accro du shopping ! 

Confessions d’une accro du shopping de Sophie Kinsella, Pocket, réédité en 2012, 384 pages

Ah, l'éternel problème du moral à plat ! C'est un souci qui me colle à la peau depuis quelques mois, et mon moral ne cesse de faire les montagnes russes ! 

Pour remédier à cet état mi-triste mi-blasé, j'ai mis en place quelques principes de lecture :

1. Ne pas planifier mes lectures trop à l'avance
Il y a encore quelques mois, j'organisais mon programme de lecture plusieurs semaines à l'avance. Cela ne laissait pas vraiment la place aux lectures superflues et a donc fini par me mettre la pression.

2. Ne pas me forcer à terminer un livre qui ne me plaît pas
Cela m'arrive assez rarement, mais si un livre me donne vraiment le cafard et si je risque de le traîner sur des semaines comme un boulet, je l'abandonne ou le mets en pause pour passer à une lecture plus rafraîchissante.

3. Laisser la place aux lectures superflues
Désormais, j'ai toujours dans ma PAL quelques lectures légères, qui sont justement là pour le jour où mon moral fera encore des siennes ! Comme je m'impose des plannings de lecture moins chargés, j'ai donc la liberté d'intercaler ces livres détente en cas de coup dur.

4. Ne pas me forcer à lire si je n'en ai pas envie
Dans l'idéal, je lis une centaine de pages par jour. Mais cela dépend évidemment des jours, et essentiellement de mon moral. J'ai arrêté de m'imposer un rythme soutenu : si je n'ai pas envie de lire, inutile de me forcer, ce ne serait pas un plaisir. Je préfère privilégier les instants de lecture qui me font réellement du bien, quitte à mettre deux semaines à lire un livre.

Ces quelques astuces fonctionnent assez bien chez moi, testez-les et vous m'en direz des nouvelles.

Enfin, j'ai préparé pour vous une petite sélection de "livres-antidépresseurs", qui ont tous contribué à remonter mon moral durement éprouvé ! Pour les découvrir, lancez la vidéo :



Un lycée dans une petite ville américaine, une liste qui fixe les canons de beauté pour l'année à venir et des adolescents qui ne jurent que par ce qui y est inscrit. La Liste est indéniablement un roman sur l'apparence, mais qui a le mérite de ne pas être moralisateur : c'est une bonne découverte qui m'a fait passer un bon moment.

L'apparence au centre de toutes les attentions
Chaque année depuis des lustres, une semaine avant le bal de la rentrée est publiée une liste qui désigne, pour chaque classe, la fille la plus belle et la plus moche du lycée. Personne ne sait qui publie cette liste et jamais les tentatives pour tenter d'en empêcher la publication n'ont abouti. Tous les ans, ce sont donc huit filles qui se retrouvent le centre d'attention de tout le lycée...

Le roman est construit sur une semaine, depuis la publication de la liste le lundi, jusqu'au bal de la rentrée le samedi. Durant toute la semaine, on suit donc les réactions de chacune des huit filles de la liste, et on apprend ainsi à les connaître. Cette construction est assez intéressante et fluide, même si j'ai dû, à certains moments, retourner en arrière pour me rappeler de quel personnage il était question.

La Liste est un roman sur l'apparence comme unique, ou du moins principal critère de jugement d'une personne, qui entraîne une multitude de comportements liés au manque de confiance en soi, de l'hystérie à l'anorexie. Cela est flagrant dans l'intrigue : à partir du moment où la liste est publiée, les filles dont le nom y figure ne sont plus regardées par les autres pour ce qu'elles sont et ce qu'elles dégagent, mais uniquement comme belles (donc dignes d'intérêt) ou moches (donc dignes de mépris). La petite nouvelle que beaucoup regardaient de travers devient alors la coqueluche du lycée parce qu'elle est "belle", tandis qu'une autre fille perd son petit ami sous prétexte qu'elle est "moche" d'après la liste. Personne ne remet en cause le jugement de la liste, que beaucoup prennent pour parole d'Evangile.

L'auteur décrit cette superficialité des rapports entre ados avec une distance volontaire qui pousse le lecteur à s'interroger sur l'intérêt de l'apparence pour l'apparence, qui pousse certaines filles à se détruire. Au final, la question que pose l'auteur est celle-ci : "pourquoi faire tous ces efforts pour être belle, à quel prix ?" J'ai particulièrement aimé cette distance de l'auteur, tout comme l'absence de moralité bien-pensante qui laisse donc au lecteur la liberté de réfléchir de lui-même sur la situation.

Bref, vous l'aurez compris, j'ai passé un agréable moment avec roman qui se lit tout seul, et j'ai même été agréablement surprise par le traitement du sujet par l'auteur. 

La Liste de Siobhan Vivian, Nathan, 2013, 406 pages

Je remercie chaleureusement les éditions Nathan qui m'ont gracieusement envoyé ce livre.
J'ai La Liste en lecture commune avec MademoizelleBreizh, dont je vous invite à lire l'avis.


Sexe, drogue et vacuité. Voilà le leitmotiv de Moins que zéro, un roman trash et déroutant, qui cache le talent certain de son auteur pour mettre en scène le vide. Brillant mais très choquant.

"C'est le matin de Noël et je suis défoncé à la coke"
Cette phrase résume à merveille le roman. Clay, jeune californien de 18 ans, rentre à Los Angeles passer les vacances de Noël. Son temps libre, il le passe avec ses amis, à tuer le temps, à faire la fête et à se droguer. Mais l'ennui est tel qu'il est déjà blasé de tout, comme tous ses camarades révélateurs de la jeunesse dorée qui n'a rien à perdre.

Je l'admets tout de go : j'ai failli abandonner ce livre dès les premières dizaines de pages tellement il est déroutant et tant la lecture m'a mise mal à l'aise. L'intrigue est pour ainsi dire inexistante : quand Clay et ses potes ne se shootent pas à la coke, ils fument des joins, se prostituent, font des tentatives de suicide ou commettent des viols. Au trou la morale, ces jeunes gens sont riches et peuvent tout s'offrir, à quoi bon alors s'encombrer de sentiments ?
"- [...] Quand on veut quelque chose, on a le droit de le prendre. Quand on veut faire quelque chose, on a le droit de le faire. [...]
- Mais tu n'as besoin de rien. Tu as déjà tout", je lui dis.
Rip me regarde. "Non. J'ai pas tout.
- Quoi ?
- Non. J'ai pas tout."
Après un silence, je lui demande "Et merde, Rip, quesse que t'as pas ?
- J'ai pas quelque chose à perdre."
(p. 219-220)

Derrière la vacuité des personnages et la profusion de scènes insoutenables, Moins que zéro révèle le talent de Bret Easton Ellis : une description et une mise en scène remarquable du vide (vous-mêmes vous sentez vides à la lecture), et un style désinvolte et provocateur, réduit à une écriture et des dialogues minimalistes. On y retrouve également une Los Angeles noire, sans âme, où tous les vices sont possibles.

En définitive et après mûre réflexion, Moins que zéro est un bon roman, et je lirai probablement d'autres livres de l'auteur, quand mon moral me le permettra. Néanmoins, il est si trash qu'il ne pourra certainement pas être mis entre toutes les mains.

Moins que zéro de Bret Easton Ellis, France Loisirs (Piment), 2011, 240 pages


Une île mystérieuse où elfes et trolls influent sur le quotidien des gens, trois personnages venus trouver là repos et pourquoi pas bonheur. Le sang des pierres est un thriller qui ne ressemble à aucun autre, à l'écriture poétique et puissante. Surprenant.

Sur les traces du passé, une vie plus tranquille ?
Le printemps venu, certains Suédois quittent le continent pour rejoindre l'île d'Öland : il y a Gerloff, qui a fui sa maison de retraite pour venir passer ses derniers jours dans la maison où il a vécu avec son épouse ; Vendela, qui revient sur les lieux de son enfance et explore les secrets de la lande ; et enfin Peter, venu s'installer dans la maison familiale pour échapper à son père. Pour chacun de ses trois personnages, l'île d'Öland renferme une foule de secrets, qu'il ne leur sera pas aisé de découvrir.

Sur toute la durée du roman, on suit ces trois personnages, leur quotidien difficile ou ennuyeux, et leur exploration du passé à la recherche des secrets qui y sont restés enfouis. Très touchants, Gerloff, Venda et Peter aspirent, au fond, à la tranquillité et au bonheur... qu'ils ne trouveront qu'une fois anéantis les démons du passé.

Bien plus qu'un simple thriller, Le sang des pierres est un roman puissant, qui met en scène des personnages profonds et une nature dotée de pouvoirs et peuplée de créatures surnaturelles qui renforcent le mystère qui règne sur Öland. L'écriture est particulièrement belle, très poétique et les descriptions sont détaillées sans pour autant être trop longues. A aucun instant je ne me suis ennuyée dans ma lecture, et j'ai pris un plaisir certain à suivre ces trois personnages en quête d'absolu.

Original et intriguant, Le sang des pierres est un roman qui plaira aux amateurs de poésie et de personnages en pleine introspection. 

Le sang des pierres de Johan Theorin, Le Livre de Poche, 2013, 528 pages


C’est un grand classique de la littérature du XXème siècle, remis au goût du jour par un réalisateur hollywoodien. Alors que je voulais le lire depuis longtemps, j’ai profité de cette mise en avant pour lire ce roman qui m’a secouée. 


L’espoir de ressusciter le passé 

Qui est donc ce mystérieux Gatsby dont tout le monde parle mais dont personne ne sait rien ? Chaque week-end, le tout New-York se presse dans la gigantesque demeure de cet homme mystérieux qui organise les soirées les plus fastes de la ville. Bientôt, Nick Carraway, le voisin de Gatsby, va être introduit dans ces soirées mondaines et découvrir que ces dernières n’ont pour ce dernier qu’un unique but : reconquérir le cœur de sa bien-aimée, Daisy Buchanan, qu’il a perdu de vue quelques années plus tôt…

Derrière ce qui peut sembler être une banale histoire d’amour, Francis Scott Fitzgerald pose une question existentielle : peut-on vivre au présent sans cesse attaché à son passé ? Là réside tout le tragique de l’ouvrage, incarné dans le personnage de Gatsby.

J’ai été très touchée par Jay Gatsby, si fragile derrière son masque d’assurance, si enclin à espérer, et qui se heurte à l’attitude intéressée puis à l’indifférence et au mépris des autres. Ecrit dans un style très travaillé, Gatsby le Magnifique est bourré de phrases très révélatrices de l’esprit même du roman, notamment la première et la dernière phrase du livre, qui m’ont, je crois, marquée à jamais.

"Chaque fois que tu te prépares à critiquer quelqu'un [...], souviens-toi qu'en venant sur terre tout le monde n'a pas eu droit aux mêmes avantages que toi." (p.11)

"- On ne ressuscite pas le passé ? répéta-t-il, comme s'il refusait d'y croire. Mais bien sûr qu'on le ressuscite !" (p.139)

"Et nous luttons ainsi, barques à contre-courant, refoulés sans fin vers notre passé." (p.223)

Enfin, Gatsby le Magnifique est une fresque réaliste de la période des années folles : le faste et la libération des mœurs, l’urbanisation à outrance et la montée en puissance de la bourgeoisie américaine sont très bien détaillées dans ce roman très visuel.

Gatsby le Magnifique est de ces romans que l’on ne se lasse pas de lire et, à peine refermé, j’ai déjà envie de le reprendre. Si vous l’avez pas déjà lu, foncez !

Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald, Le Livre de Poche, 2013 (première édition : 1925), 224 pages


Deux meurtres sanglants au mode opératoire similaire, un mystérieux moine sur les traces de la vengeance… A cheval entre thriller contemporain et roman historique, Le livre de Johannes est une premier roman très réussi. Frissons garantis ! 

Le meurtre à fleur de peau 
2010, Musée Edgar Allan Poe, Richmond en Virginie. Le conservateur du musée est retrouvé mort, atrocement mutilé. Décapité, son cadavre présente une étrange particularité : le meurtrier l’a soigneusement écorché et a emporté sa peau. Quelques jours plus tard, c’est l’une des bibliothécaires de la bibliothèque Gunnerus de Trondheim en Norvège, à des milliers de kilomètres de là, qui subit le même sort. Dans le cadre de l’enquête, les policiers découvrent l’existence d’un étrange manuscrit qui les mène sur les traces de Johannes, un étrange moine norvégien du XVIème siècle qui avait pour habitude d’écrire sur la peau de ses victimes… 

Entre les Etats-Unis et la Norvège, nous suivons donc deux enquêtes dont les éléments ne cessent de les rapprocher l’une de l’autre. Parallèlement, l’auteur introduit des chapitres qui tiennent plus du roman historique que du thriller, dans lesquels il raconte la vie et la mystérieuse vengeance, cinq siècles plus tôt, du moine Johannes. Malgré la profusion de personnages, de détails et de situations différentes, Jorgen Brekke réussit à maintenir l’intérêt et la cohérence du récit, et je ne me suis à aucun moment sentie perdue dans ma lecture. 

En plus de son récit au rythme haletant et au suspense insoutenable (autant vous dire que je littéralement dévoré le roman), l’écrivain s’amuse à analyser la mécanique du roman policier, et rend un fier hommage à Edgar Allan Poe et Agatha Christie. A la fin du livre, une fois le meurtrier démasqué, j’ai même presque pu entrevoir le sourire en coin de l’auteur disant « Je vous ai bien eus ! »

Intrigue originale, rythme effréné, enquête rondement menée, suspense entier jusqu’au bout et intelligence de l’écriture : c’est ce qui caractérise ce premier roman coup de cœur. Le livre de Johannes est une excellente découverte et j’ai hâte de lire les prochains romans de l’auteur.

Le livre de Johannes de Jorgen Brekke, Le Livre de Poche, 2013, 480 pages
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Bien coriace, ma baisse de forme est comme la pluie : elle ne veut pas s'en aller. Heureusement, j'ai pu compter, ce mois-ci encore, sur de très bonnes lectures (une grosse majorité de thrillers, d'ailleurs) pour garder un moral à peu près bon : j'ai lu 6 livres.



Le livre de Johannes de Jorgen Brekke
Un excellent premier roman de cet auteur norvégien prometteur ! Le mélange savamment dosé entre horreur, thriller contemporain et roman historique est détonant et la plume de l'auteur est pleine de facétie et d'intelligence.
Ma note : 19/20



Deuxième excellente lecture de ce mois-ci ! Quel plaisir de retrouver l'univers et la plume de Sire Cédric. Avec De fièvre et de sang, c'est pour l'instant son meilleur roman selon moi.
Ma note : 19/20



Le sang des pierres de Johan Theorin
Un thriller hors norme à l'intrigue puissante et au style poétique. Intriguant.
Ma note : 16/20



Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald
Une claque ! Ce roman est un chef d'oeuvre d'intelligence et de vision sur les relations humaines, sur l'espérance et sur notre attachement au passé. A lire absolument !
Ma note : 18/20



Les voix du crépuscule de de Lisa Unger
Un thriller à l'atmosphère pesante qui m'a ennuyée et légèrement déprimée.
Ma note : 12/20



La liste de Sioban Vivian
Alors que beaucoup de blogueurs semblent déçus par ce livre, j'ai pas mal apprécié sa lecture. Moins une dénonciation de faits sociaux (anorexie, harcèlement au lycée, mal être des ados...) qu'une invitation à la réflexion sur l'apparence comme unique critère de jugement de l'autre, j'ai aimé le style volontairement détaché de l'auteur, qui refuse de nous livrer une leçon de morale prête-à-gober.
Ma note : 14/20


Et vous, qu'avez-vous lu ce mois-ci ?


Une étrange disparition, un couple d'enquêteurs improbables et un soupçon de cruauté : tels sont les ingrédients du premier tome de la saga danoise qui cartonne en ce moment. Un roman prévisible par bien des côtés, mais qui fonctionne et donne envie d'en lire la suite.

Enfermée avec des monstres
Cinq ans après la mystérieuse disparition de Merete Lyyngaard, brillante femme politique qui s'est comme volatilisée, personne n'en a retrouvé la moindre trace. C'est cette lourde tâche, la retrouver, qui est confiée à Carl Morck et Hafez el Assad, un flic sur la touche et son invraisemblable assistant-factotum, qui composent le Département V tout fraîchement créé au sein de la police criminelle. En remontant dans le passé le politicienne, ils découvrent de lourds secrets. Pendant ce temps, Merete Lyyngaard, prisonnière d'étrange bourreaux, lutte chaque jour pour sauver sa vie.

Le rythme est posé dès le départ : vifs et rapides, les chapitres alternent entre la description du passé puis du quotidien de Merete Lyyngaard en tant que prisonnière et l'enquête policière menée cinq ans plus tard. Côté mise en scène, l'auteur n'a pas lésiné sur les moyens, et a imaginé pour la politicienne un supplice d'une incroyable cruauté, égale à l'inhumanité de ses tortionnaires.

Dans chaque strate de l'histoire humaine, on découvre une couche désespérément constante d'absence de compassion.
(p.255)

Côté enquête, on a là affaire à une intrigue somme toute assez classique, qui remonte le passé de la disparue pour en extraire les éléments les plus significatifs. L'investigation est bien menée, et si bien qu'il est assez aisé, pour un habitué des thrillers ou des polars, d'en deviner le dénouement bien avant la fin du livre. 

Néanmoins, le point fort de ce roman réside clairement dans le couple d'enquêteurs formé par Carl Morck et Hafez el Assad, à la fois improbable, drôle et attachant. L'auteur égrène par-ci par-là des éléments politiques, notamment sur le passé des deux policiers, qui prendront, semble-t-il, toute leur dimension dans les tomes suivants.

Malgré quelques lacunes, Miséricorde est un bon thriller, qui s'annonce trépidant par la suite. C'est avec impatience que je lirai les prochains tomes.

Miséricorde de Jussi Adler-Olsen, Le Livre de Poche, 2013, 528 pages


On remet le couvert ! Après avoir ADORE Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil de Haruki Murakami, découvert lors du dernier challenge Livra'deux pour pal'Addict, c'est avec un grand plaisir que je réitère ma participation à ce challenge.


Je participe cette fois-ci avec MademoizelleBreizh.


Le principe est simple : chacune choisit, dans la PAL de l'autre, trois livres qu'elle aimerait que l'autre lise. Sur ces trois livres, vous en choisissez un, que vous devez lire et chroniquer sur votre blog avant le 31 juillet.


MademoizelleBreizh a choisi dans ma PAL :

          

Je choisis sans hésiter Misery de Stephen King, pour continuer ma découverte de cet auteur surprenant !


J'ai choisi dans la PAL de MademoizelleBreizh :

          

Pour découvrir le livre que MademoizelleBreizh a choisi, rendez-vous sur son blog !


Pour participer au challenge Livra'deux pour Pal'addict, rendez-vous sur le forum Livraddict.


Découvert l’année dernière avec son roman De fièvre et de sang, Sire Cédric est rapidement devenu l’un de mes auteurs français préféré, dont j’admire le talent et la proximité avec ses lecteurs. C’est donc avec un grand plaisir que je me suis plongée dans la lecture du Jeu de l’ombre, que j’ai littéralement dévoré. 

Malko Swann, star du rock, ne vit que d’excès : sexe, drogue et vitesse, il n’a rien d’un enfant de chœur. Lorsque sa voiture heurte le pont du Diable et s’écrase trente mètres plus bas, Malko apparaît alors comme un miraculé : il s’en sort avec quelques côtes cassées et un étrange mal, l’amusie, qui le rend incapable d’entendre la moindre note de musique. Parallèlement, le commandant Alexandre Vauvert, de la police criminelle de Toulouse, enquête sur la mort mystérieuse d’une jeune fille… 

Un pied en enfer, l’autre dans la folie 
Dans Le jeu de l’ombre, Sire Cédric reste fidèle à son univers si particulier, qui fait de lui un auteur si original : un genre où la frontière entre thriller et fantastique est vaporeuse, où la réalité se dédouble et où les personnages se demandent toujours s’ils rêvent ou sont éveillés

Sire Cédric met particulièrement bien en scène cette angoisse de Malko face à la réalité : empêtré dans une succession d’événement des plus surnaturels, il ne cesse de mettre en doute sa propre capacité à comprendre la réalité, hésitant entre la théorie du complot et la défaillance de ses facultés mentales. Là où l’auteur est très fort, c’est qu’il arrive à jouer avec le lecteur, à le faire douter lui aussi de tous les événements, et à le maintenir dans un état de stress avec un malin plaisir

J’ai adoré retrouver le commandant Vauvert, que j’avais déjà rencontré dans ses aventures suivantes, De fièvre et de sang et Le premier sang. J’aime ce grand gaillard asocial mais attachant que Sire Cédric met en scène dans la plupart de ses romans. 

Enfin, je dois encore une fois saluer le style de l’auteur, où chaque phrase est travaillée, chaque métaphore réfléchie, chaque référence documentée et chaque mot à sa place. C’est avec beaucoup d’enthousiasme que je vous recommande la lecture du Jeu de l’ombre

Le jeu de l’ombre de Sire Cédric, Pocket, 2012, 596 pages

J’ai lu Le jeu de l’ombre dans le cadre du combat d’auteur Sire Cédric vs StephenKing organisé par Iluze.


Véritable plongée dans une Suède dure et austère, Ce qu’il faut expier est un thriller lent, difficile mais surprenant. Découvert grâce au Prix des lecteurs du Livre de Poche, c’est un roman qui ne plaira certainement pas aux âmes les plus sensibles, mais qui, selon moi, vaut tout le même le détour. 

Le danger de fouiller le passé 
Près de 30 ans après l’avoir fui, Konrad Jonsson revient à Tomelilla, le petit village qui l’a vu grandir, alors que ses parents adoptifs, qui l’avaient recueilli après la disparition de sa mère polonaise, ont été sauvagement assassinés. Héritier des millions que le couple avait gagné au Loto, la police le soupçonne rapidement d’avoir commis ce double meurtre. Commence alors un cauchemar éveillé auquel s’ajoutent les attaques xénophobes de la population et les souvenirs douloureux d’un passé enfoui dans sa mémoire. 

Dans ce roman au rythme lent et à l’atmosphère pesante, Olle Lönnaeus décrit une réalité sale, celle d’une Suède rurale où se mêlent xénophobie, racisme, homophobie, intolérance et même thèses néo-nazies, parfois sous couvert d’une morale chrétienne omniprésente. L’écriture crue n’épargne aucun détail, et les situations mises en scène par l’auteur vont quelque fois même jusqu’à donner la nausée. 

Très lent au début, Ce qu’il faut expier décrit l’errance de Konrad Jonsson entre réminiscences du passé (les flashbacks sont nombreux), mal-être du présent et possibles projets d’avenir. Les deux premières centaines de pages nécessitent de s’accrocher. Néanmoins, peu à peu émerge de ce brouillard épais une intrigue assez bien ficelée, dont le nœud n’est pas tant la résolution du double meurtre que la mise en lumière des zones d’ombres du passé de Konrad. Le mystère se dissipe progressivement de manière douloureuse et surprenante, comme un secret qui lui éclate à la figure. 

Une belle découverte, un livre certes abrupt, mais qui m’a somme toute convaincue.

Ce qu'il faut expier de Olle Lönnaeus, Le Livre de Poche, 2013, 476 pages

Ce qu'il faut expier fait partie de ma sélection pour le challenge Thrillers et polars scandinaves.