L'obsession jusqu'à la démence
2001, région parisienne. Une famille est retrouvée massacrée à son domicile : mère et enfants ont été froidement exécutés. Seul manque le père de famille, qui s'est évaporé. L'enquête est confiée au commissaire Hervé Langelier, qui déjà soutient une hypothèse contre l'avis général de ses supérieurs : c'est le père qui a tué sa famille. Un mois plus tard, jour pour jour, une autre famille subit le même sort, non loin de là. Alors que la police s'oriente sur la piste d'un tueur en série, Langelier campe sur ses positions : le meurtrier est l'un des pères. Au fil des mois, les meurtres se poursuivent, et le commissaire Langelier se coupe peu à peu de sa vie pour sombrer dans une enquête qui le mènera aux confins de la folie...
Le roman s'ouvre dix ans après les faits, sur le pot de départ en retraite d'Hervé Langelier. Alors que sa carrière a été détruite par l'affaire des massacres, le commissaire met un point d'honneur à rétablir la vérité devant ses pairs, et à enfin raconter sa version de l'enquête. La majorité du récit consiste donc en un monologue du personnage principal qui explique, point par point, détail après détail, tous les éléments de l'enquête qu'il a continué de mener pendant dix ans.
Dès les premières pages, j'ai été happée par ce récit tendu, au suspense insoutenable, et par cette enquête aux allures de casse-tête chinois. Indice après indice, je me suis laissée convaincre par le récit douloureux de Langelier, ce flic si peu sympathique mais si captivant. Mais toute l'intelligence de ce roman réside dans les dix dernières pages : après l'avoir sans cesse persuadé de croire à son récit, le narrateur assène un coup de massue à son auditoire (et par là à son lecteur) en lui révélant une vérité diabolique à laquelle je m'étais interdit de penser.
Servi par un style détaillé mais fluide, Adieu est un thriller oppressant qui se lit avec frissons et se referme avec stupeur. Chapeau bas à l'auteur qui réussit, dans ce roman, à convaincre et balader son lecteur, sans que celui-ci ne s'aperçoive même qu'il est manipulé.
Adieu de Jacques Expert, Le Livre de Poche, 2013, 408 pages
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