Méfiez-vous des apparences
A peine un an après s'être éveillée d'un cauchemar macabre, la ville de Colombia, aux Etats-Unis, doit à nouveau faire face à l'intolérable : la série de meurtres a repris. C'est toujours la même signature, une femme, pieds et poignets liés par une corde bleue, retrouvée noyée dans sa baignoire. Cette signature, c'est celle de Vernon Chester, le serial killer qui a fait trembler la ville. Mais voilà, Chester a été exécuté il y a un an. A-t-on affaire à un imitateur ou le FBI s'est-il trompé de cible ? L'agent spécial Megan Halliwell a son avis sur la question, mais elle doit bien composer avec la police locale, et notamment ce Vince Sandino, un flic raté sur la pente descendante...
A la lecture des premières pages d'Apnée noire, j'ai bien cru à un polar lambda, digne d'un bon épisode des Experts : efficace mais sans surprise. C'était sans compter sur l'imagination perverse de Claire Favan, qui a bien écrit là un excellent thriller. Rapidement, on sort des codes classiques du roman policier, l'intrigue se creuse et devient de plus en plus complexe, marquée par des impasses et des rebondissements multiples.
Toute l'intelligence de ce roman réside dans la profondeur des personnages principaux, les enquêteurs Halliwell et Sandino, et dans leur perception de l'enquête. J'ai entendu Stephen King dire qu'un roman ne vit pas par son intrigue, mais par ses personnages. Cette affirmation trouve toute sa résonance dans Apnée noire, dont le déroulement est plus que jamais influencé par les perceptions, les doutes et les certitudes de ses protagonistes. Avec une habileté sadique et un style qui tranche dans le vif, Claire Favan balade son lecteur et l'emmène exactement là où elle le veut, en le faisant passer par de fausses pistes qu'elle prend ensuite un malin plaisir à dégommer.
Avec son rythme soutenu, son intrigue en épingle à cheveux et ses personnages complexes, Apnée noire m'a laissé sur une excellente impression. A lire si vous aimez les surprises.
Apnée noire de Claire Favan, Pocket, 2015, 380 pages