Le massacre des innocents de Mallock

Il y a quelques mois, je découvrais, à travers son roman Les visages de Dieu, l'écrivain Mallock, ma révélation de l'année. Aujourd'hui, je n'ai rien perdu de mon enthousiasme à son égard, et sa seconde chronique barbare, Le massacre des innocents, ne fait que le confirmer.

Aux innocents la responsabilité du massacre
Dans cette seconde enquête d'Amédée Mallock, le commissaire doit faire face à un phénomène sans précédent : du jour au lendemain, des citoyens sans histoires se transforment en tueurs en série, massacrant les personnes qui les entoure. Loin d'être quelques cas isolés, les massacres se multiplient comme une épidémie. Pour le policier, l'enjeu est donc de taille : il doit découvrir l'origine de ces boucheries avant qu'elles ne déciment la population du pays.

Si j'avais trouvé l'intrigue des Visages de Dieu vicieuse, ici elle fait carrément froid dans le dos ! J'admire l'imagination débordante de Mallock, qui me laisse croire que s'il n'était pas un écrivain de talent, il pourrait parfaitement être un tueur en série très intelligent. J'ai été surprise du début à la fin, abasourdie par l'évolution complexe du récit et les péripéties qui s'enchaînent. Pour autant, Mallock parvient à construire une intrigue dont la crédibilité reste intacte tout au long du roman. On s'y croirait vraiment, et c'est certainement cela le pire !

Côté plume, on retrouve le style très réaliste, cru et pictural que j'avais tant aimé dans Les visages de Dieu. Les couleurs, et notamment le rouge, occupent une place très importante dans les descriptions, et pas seulement celles des massacres. J'aime particulièrement l'écriture très visuelle, esthétique et poétique de Mallock, à la manière d'un tableau de Goya ou de Bosch.

Enfin, on assiste dans ce tome à une belle évolution du personnage de Mallock, dont le passé se révèle par bribes : sa vie commune avec son épouse, mère du petit Thomas qu'il a perdu il y a des années, son amour pour Amélie, l'infirmière qu'il avait rencontré lors de sa dernière enquête, désormais entre la vie et la mort... Tous ces souvenirs contribuent à faire de Mallock un personnage complet et complexe :
Le vieil ours atrabilaire était tout aussi sentimental qu'impitoyable, violent et fragile, simple et compliqué, anxieux et optimiste, mi-cérébral, mi-gros-bras, mi-tendre et misanthrope... Un être paradoxal qui avait fini par s'accepter ainsi, tout fragmenté, morcelé, par amour de la sincérité. (p.42)

Vous l'avez compris, j'ai encore une fois été subjuguée par le talent de Mallock et je ne peux que vous encourager à le découvrir si cela n'est pas déjà fait.

Le massacre des innocents de Mallock, Pocket, 2014, 543 pages

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