La Philosophie selon Bernard de Patrice Jean

Il y a parfois des moments où j'ai besoin d'un livre courte, drôle et surtout sans prise de tête pour m'aérer l'esprit. Ma dernière lecture, La Philosophie selon Bernard de Patrice Jean, répond à ces trois critères.

La philosophie dans le caleçon
Bernard Michaud est ce qu'on appelle un beauf. Un bon gros couillon à l'esprit mal placé, reconnaissable à ses blagues vaseuses, son attitude queutarde et ses jugements à l'emporte-pièce. Le genre de type qui méprise de loin la philosophie sans jamais s'en être approché. Mais lorsque Christine, sa supérieure dont il lorgne le postérieur à longueur de journée, déclare un jour "Oui mais Bernard, c'est un philosophe", l'individu se rend à l'évidence : lui, le philosophe qui s'ignore, va remettre son esprit en route pour faire profiter à l'humanité de ses pensées... et mettre Christine dans son lit.

En mettant en scène les tribulations philosophiques de son personnage, Patrice Jean s'est fait plaisir : Bernard-vote-à-droite parmi les altermondialistes, Bernard le réac' dans une réunion de profs, Bernard l'amateur de soirées bière-match de foot dans un café philo... il lui a fallu en subir, des épreuves, pour se taper la Christine. Au fil des aventures de Bernard, on rit devant les situations cocasses dans lesquels se met le pauvre bougre, mû par son "esprit philosophique" tout entier contenu dans son caleçon.

Mais rapidement, l'esprit beauf revient au galop et Bernard redevient lourd et lassant, ce que l'auteur ne manque pas de souligner. D'ailleurs, tout le monde, dans son livre, en prend pour son grade : de l'illustre Bernard, dont le cerveau se situe la plupart du temps sous la ceinture, à son rival, Michel Le Berre, philosophe bobo prônant encore la lutte des classes, en passant par leurs admirateurs et admiratrices, toujours prêts à gober leurs paroles les plus incongrues, pourvu qu'elles aient l'air d'avoir été déclarées en philosophe. Au fond, tous les personnages ont leur lot de ridicule et s'accrochent aux théories de grands philosophes dont ils n'ont rien compris pour justifier leurs petites idées. Aristote, Platon, Nietzsche, Descartes et tous les auteurs cités ont de quoi se retourner dans leur tombe.

Côté style, la plume de Patrice Jean est bien affûtée et ironique à souhait. Le comique de situation est redoublé par le malin plaisir que prend l'auteur à choisir des mots qui décrivent la médiocrité qui nous entoure... et qui font mouche. Une belle tranche de rire en perspective.

La Philosophie selon Bernard de Patrice Jean, Pocket, 2015, 152 pages
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