Jaroslav Kalfar signe un premier roman surprenant, entre science-fiction et introspection.
Quatrième de couverture :
Jakub est un astrophysicien missionné par la République tchèque
pour partir dans l’espace analyser un inquiétant nuage qui recouvre
Vénus. À la veille de son départ et alors que des hordes de caméras
le suivent partout, Jakub n’a qu’une hâte, se retrouver enfin seul.
Cependant, au bout de treize semaines de voyage, il apprend par écran
interposé que sa femme Lenka le quitte. Esseulé au milieu des étoiles,
Jakub est aussitôt pris d’une terrible crise d’identité, qui le conduit
à revisiter son passé : son père lié au Parti communiste et jugé bourreau
suite à la révolution de Velours, le décès accidentel de ses parents,
son départ de Prague pour être élevé par ses grands-parents,
puis plus tard, son coup de foudre pour Lenka. Jakub remet soudain
tout le sens de sa vie, et de l’humanité entière, en question.
Plus Vénus approche, moins il s’en soucie car sa vraie mission devient
la reconquête de son épouse, à des années-lumière de lui.
Une odyssée époustouflante qui interroge tout autant
l’Univers que l’intime.
Mon avis :
Un astronaute en Bohême débute là où on l'attend : dans l'espace. Quand il réalise que sa compagne ne veut plus lui parler, alors que la solitude commence à lui peser, c'est toute la vie de Jakub qui vacille. C'est ce moment que choisit un extraterrestre, une sorte d'araignée géante, pour venir lui rendre visite. Cet être omniscient et friand de Nutella (le dernier réconfort de Jakub) est en quête du dernier secret inconnu de son espèce : l'origine de la peur, propre à l'âme humaine. Il se met alors à sonder les souvenirs de Jakub, amorçant la remise en question totale de l'astonaute sur son passé, son couple et les grands principes de l'univers.
Dans un récit alternant entre la mission spatiale et le passé traumatique de Jakub, stigmatisé par le travail de son père, Jaroslav Kalfak passe du réel au surnaturel avec une facilité déconcertante. Son talent à distordre le temps et son écriture fluide et contemplative, parfois même drôle, laisse s'épanouir les méditations métaphysiques du héros sur l'amour, la mort et l'univers. La maîtrise gracieuse des mots est d'ailleurs époustouflante, quand l'on sait que le romancier, expatrié aux Etats-Unis, a appris l'anglais en autodidacte et a écrit son roman directement dans cette langue.
Finalement, Jakub est celui que nous sommes tous un peu, un être idéaliste, dont toutes les certitudes sont balayées par la perte d'une seule personne. J'ai trouvé ce héros touchant dans sa fragilité et sa frénésie à vouloir interroger le réel pour se prouver qu'il n'est pas fou.
En bref :
Un astronaute en Bohême est un roman qui n'entre dans aucune case et, malgré sa richesse, ne se prend pas au sérieux. J'ai beaucoup apprécié cette lecture aux confins de la folie, qui dévoile un immense talent. Un véritable OVNI littéraire !
Lisez-le si... vous aimez les romans qui vous mènent là où vous ne les attendez pas.
Le livre :
Un astronaute en Bohême de Jaroslav Kalfar
Editions Calmann Lévy (2017), 360 pages
Je remercie les éditions Calmann Lévy pour cette lecture.
Ecrire un commentaire :