La sortie d'un roman de Sofi Oksanen est toujours un événement littéraire en soi. Norma n'échappe pas à la règle et se révèle complexe et touffu, mais plein d'intelligence.
Quatrième de couverture :
Le corps d'Anita Rosa vient d'être retrouvé dans le métro de Helsinki. Les témoins sont unanimes : elle s'est jetée sur les rails.
Norma, sa fille unique, refuse d'y croire. Anita ne l'aurait jamais laissée seule avec son secret : ses cheveux sont vivants, ils ressentent des émotions, s'animent et poussent si vite qu'elle est obligée de les couper plusieurs fois par jour.
Prête à tout pour connaître la vérité, Norma décide de retracer les derniers jours de sa mère, allant jusqu'à se faire embaucher dans le salon de coiffure où elle travaillait. Ses découvertes font ressurgir un passé trouble qui n'est pas sans susciter l'attention d'un puissant clan de la mafia locale...
Mon avis :
J'ai découvert le phénomène Sofi Oksanen avec son roman Purge, qui m'avait marquée il y a quelques années. Une fois n'est pas coutume, dans Norma, l'écrivaine fino-estonienne ne construit pas son récit sur les ruines de l'histoire estonienne, mais dans la Finlande d'aujourd'hui. Le roman s'ouvre sur les obsèques d'Anita, la mère de Norma, décédée dans des circonstances douteuses qui réveillent des angoisses puissantes teintées de soupçons.
A partir de là, Norma et le lecteur mènent le même combat : tenter de démêler une pelote touffue, dont chaque noeud soulève un secret bien gardé par Anita. Sofi Oksanen s'applique à brouiller les pistes en ne dévoilant aucun élément de contexte, laissant au lecteur le soin de faire ses propres déductions au fil des découvertes de Norma. La lecture est donc clairement complexe et nécessite un effort de concentration, mais le suspense bien maîtrisé permet de ne pas décrocher.
Finalement, dans un roman sacrément déroutant aux accents de thriller, à mi-chemin entre réalité et fantastique, Sofi Oksanen aborde un sujet engagé qui tisse toute son oeuvre : l'exploitation du corps des femmes. En cherchant à élucider la mort de sa mère, Norma soulève en effet un immense trafic, de la vente de cheveux à la location d'uterus. Une réalité violente et cruelle qui fait froid dans le dos mais existe malheureusement bel et bien.
S'il m'a demandé un peu plus de temps et de concentration qu'à l'accoutumée, Norma m'a séduite par son originalité et sa profondeur. Un roman qui confirme encore une fois que Sofi Oksanen est bien un auteur à part.
Le livre :
Norma de Sofi Oksanen
Publié aux éditions Stock (2017), 386 pages
Je remercie les éditions Stock pour cette lecture.
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