Après avoir lu les trois tomes de la prélogie Star Wars, j'ai directement attaqué avec le trilogie fondatrice, histoire de rester dans le thème. 




Si je vous parle de cette première intégrale aujourd'hui, ce n'est pas pour surfer sur la vague Star Wars qui accompagne la sortie du prochain film, mais bien parce que c'était un livre que j'avais envie de lire depuis bien des années. J'avais 9 ans quand la trilogie fondatrice est ressortie en France dans son édition spéciale, et mon adolescence a été ponctuée par la sortie des trois films de la prélogie : pur produit de la génération Star Wars, j'ai toujours adoré cet univers dans lequel je baigne depuis pas loin de 20 ans. Alors, quand j'ai vu que Pocket annonçait la réédition des trilogies pour la fin de l'année, je me suis ruée sur ces livres.

Pour reprendre l'histoire dans l'ordre et bien m'imprégner de tous les détails (même si j'ai vu chacun des 6 films un nombre incalculable de fois), j'ai lu les romans dans l'ordre chronologique, c'est-à-dire la prélogie, puis la trilogie fondatrice. Je ne vous parlerai ici que de la prélogie (qui retrace l'histoire d'Anakin Skywalker et de la République galactique, entre autres), la trilogie fondatrice fera l'objet d'un prochain billet.

Ce que je peux dire tout d'abord, c'est que les éditions Pocket ont soigné les détails : le livre est une petite merveille avec sa couverture recto-verso faisant apparaître un protagoniste du Côté Force (la reine Amidala) et du côté Obscur (Dark Maul). Rien que pour la beauté de l'objet, cette intégrale mérite sa place dans la bibliothèque de tout fan qui se respecte.

Passons maintenant au récit. Les trois romans ont été écrits par trois auteurs différents (La Menace Fantôme de Terry Brooks, L'Attaque des Clones de R.A. Salvatore et La Revanche des Sith de Matthew Stover) d'après l'histoire et les scénarios de Georges Lucas. Malgré tout, il ne s'agit pas de simples novélisations qui mettraient en mots les images des films : les auteurs ont tous fait l'effort de développer l'univers Star Wars, de décrire les scènes avec plus de détails et d'approfondir la psychologie des personnages (notamment Anakin Skywalker), tout en restant fidèle au scénario original. Après m'être amusée à comparer chaque roman au film correspondant, je peux vous confirmer que tout l'esprit de la trilogie reste intact !

Je ne me lasse vraiment pas de cet univers et je conseille cette trilogie à tous ceux qui souhaitent maîtriser l'intrigue originale sur le bout de doigts avant de s'attaquer à l'univers étendu !

Prélogie Star Wars : La Menace Fantôme, L'Attaque des Clones et La Revanche des Sith de Terry Brooks, R.A. Salvatore et Matthew Stover, Pocket, 2015, 1133 pages
Depuis maintenant presque deux ans, je m'intéresse de très près à l'éveil de soi et à la pleine conscience, que je cultive et approfondis au travers de plusieurs pratiques : méditation, yoga, introduction à la sagesse. Parmi les penseurs qui guident mon cheminement, Matthieu Ricard est une figure centrale. Ce docteur en génétique cellulaire devenu moine bouddhiste, parti s'installer au Népal il y a 40 ans, m'a toujours fascinée par la sagesse de son discours toujours tourné vers le respect de soi, des autres et de notre planète.
Pour ma première lecture sur le service de livres audio Audible, j'ai donc choisi le Plaidoyer pour l'altruisme, l'occasion de vivre un week-end au plus proche de la pensée de Matthieu Ricard. 

Dans cet ouvrage, Matthieu Ricard a pour objectif de réfuter la thèse, développée par le philosophe britannique Thomas Hobbes et aujourd'hui largement répandue en Occident, selon laquelle l'homme est fondamentalement égoïste ("l'homme est un loup pour l'homme") et toutes ses actions sont motivées par l'individualisme. Au contraire, l'auteur pense que chaque homme possède une prédisposition naturelle au bien comme au mal, et que c'est en fonction de ses choix qu'il développe soit la l'amour, l'altruisme et la coopération, soit l'égoïsme, l'individualisme et la méchanceté. Dans la philosophie bouddhiste, chaque être est d'ailleurs considéré comme étant impermanent et interdépendant avec son environnement et les autres êtres vivants. L'altruisme est donc non seulement souhaitable, mais nécessaire pour le développement de chacun. 

Matthieu Ricard croit profondément dans la puissance de l'altruisme véritable, fondé sur l'amour bienveillant (la capacité à manifester de la bienveillance envers autrui), l'empathie (la capacité à entrer en résonance avec les besoins et la souffrance de l'autre) et la compassion (le désir de mettre fin aux souffrances d'autrui) comme condition d'une vie et d'une société meilleure et heureuse. Pour étayer sa thèse, il adopte une démarche scientifique et s'appuie sur des recherches publiées dans de nombreuses disciplines : psychologie, sciences comportementales, biologie, anthropologie, génétique... Bien plus qu'un simple livre de "développement personnel" qui dicterait de manière arbitraire une certaine ligne de conduite à adopter, le Plaidoyer pour l'altruisme est une véritable réflexion philosophique, spirituelle et scientifique fondée sur les résultats d'expériences dont la rigueur du protocole ne peut être critiquée. 

Altruiste jusque dans cet ouvrage, Matthieu Ricard ne se contente pas de donner des pistes pour pratiquer l'altruisme et améliorer sa vie au niveau individuel. Il décline ce concept de manière beaucoup large et l'applique à tous les aspects de la société, démontrant les bienfaits que l'altruisme apporterait à tous s'il était appliqué dans l'éducation, l'économie, la gestion des ressources, la préservation de l'environnement, la relation de l'homme avec les animaux, etc., comme il l'explique dans cette vidéo : 


Au fil des pages, Matthieu Ricard partage sa sagesse et sa vision altruiste, une vision au fond beaucoup plus apaisante et pas plus coûteuse que l'égoïsme et l'individualisme ambiants. Il nous fait comprendre par a+b qu'un monde meilleur commence par une conduite individuelle et collective basée sur la bienveillance et la compassion, et non sur la méfiance et le repli sur soi. Dans la version Audiolib (la version audio est abrégée, l'ouvrage original compte plus de 900 pages), cette sagesse est décuplée par la voix franche et la parfaite élocution de Michel Raimbault.

Vous l'avez compris, le Plaidoyer pour l'altruisme est un coup de cœur. Un ouvrage incontournable pour qui cherche l'éveil et l'élévation. 

Plaidoyer pour l'altruisme : la force de la bienveillance de Matthieu Ricard, Morceaux choisis lus par Michel Raimbault, Audiolib, 2014, durée : 10h14
     

Il y a deux ans, je faisais la découverte, avec Atomka, de l'univers de Franck Thilliez, et par la même occasion de ses personnages récurrents Franck Sharko et Lucie Henebelle. Cette aventure étant la troisième du couple, j'avais envie de reprendre leur histoire du début, et de m'attaquer à ce que l'auteur nomme son diptyque de la violence, composé du roman Le syndrome E et de sa suite, GATACA.

Plus que l'intrigue pourtant très efficace de ces deux tomes (rendez-vous sur Livraddict pour lire les résumés), c'est la démarche de Franck Thilliez qui m'a particulièrement touchée : Le syndrome E et GATACA sont une réflexion scientifique de l'auteur sur la violence, sa manière d'apparaître, de se propager, de se transmettre d'individu à individu, de génération en génération, que ce soit sous la forme d'un virus (Le syndrome E) ou dans les gènes (GATACA). Ces deux romans sont particulièrement bien documentés et l'auteur emmène son lecteur, au gré de l'intrigue, dans les méandres du cerveau humain pour lequel il se passionne. 

Si Le syndrome E et GATACA peuvent se lire indépendamment l'un de l'autre, on observe une nette évolution dans la relation Sharko/Henebelle, tout comme dans l'histoire personnelle des deux personnages, dont la dimension psychologique ne cesse de se creuser. A eux seuls, Franck Sharko et Lucie Henebelle sont des objets d'observation fascinants pour qui s'intéresse un tant soit peu à la psyché humaine.

Enfin, je suis admirative du talent de Franck Thilliez et de ses intrigues complexes et captivantes. Côté plume, je ne me lasse pas de son style vif et précis, je pourrais d'ailleurs lire ses explications scientifiques (certes vulgarisées mais néanmoins vérifiées) toute la journée. Dans Le syndrome E et GATACA, Franck Thilliez a effectué un remarquable travail de documentation, d'imagination et d'écriture. Des romans à lire absolument si, comme moi, vous êtes un inconditionnel des thrillers et que la science vous fascine !

Le syndrome E de Franck Thilliez, Pocket, 2012, 510 pages
GATACA de Franck Thilliez, Pocket, 2012, 603 pages

A lire également : 
Atomka (Saga Sharko/Henebelle, tome 3)
- Angor (Saga Sharko/Henebelle, tome 3)
Quand j'étais adolescente, je lisais pas mal de poésie, avec une préférence notable pour les mots torturés de Baudelaire. Une habitude qui s'est peu à peu raréfiée, au point qu'aujourd'hui, je n'en lis plus du tout. Lorsque le jeune poète Arthur Yasmine m'a parlé de son livre Les Clameurs de la Ronde et de sa vision quelque peu "musclée" de la poésie, ma sensibilité a été touchée au vif. Et j'avoue ne pas avoir été déçue.

Une chose est certaine : on est loin de la rose de Ronsard. Oubliez également les fioritures cul-cul sans queue ni tête, ce qu'on ne peut pas reprocher à la poésie d'Arthur Yasmine, c'est qu'elle est bien vivante. Faite de feu et de glace, violente et crue comme l'est la vie

La vie, c'est justement le terrain de jeu de l'auteur. C'est après une violente rupture amoureuse qu'est né Les Clameurs de la Ronde, long cheminement du poète à travers la douleur ressentie pour l'être aimé. Comme dans un bon thriller, une tension indicible sous-tend l'ouvrage, jusqu'à un drame irréversible.

Loin des alexandrins que notre scolarité nous a fait apprendre par cœur, Les Clameurs de la Ronde se compose de plusieurs formes, du sonnet à la lettre en passant par la correspondance, comme une preuve que la poésie est présente partout, pour peu qu'on la laisse vivre. En écho à son titre, l'ouvrage se lit d'ailleurs en boucle, la fin répondant au début.

Côté plume, Arthur Yasmine revendique une écriture virile, brûlante, parfois violente, à mille lieux des mièvreries qui font (malheureusement) souvent la réputation de la poésie. L'ouvrage se clôture d'ailleurs sur une lettre pamphlétaire aux éditeurs qui entretiennent la mollesse du genre. C'est là l'objectif que s'est fixé Arthur Yasmine : "sortir la Poésie du marasme et lui redonner sa majesté perdue". Mission accomplie.

Les Clameurs de la Ronde d'Arthur Yasmine, Carnet d'Art éditions, 2015, 85 pages
Je ne sais pas pour vous mais, pendant les vacances, j'ai besoin de lectures légères et sans prise de tête, qui plus est après l'une des plus longues pannes de lecture que j'ai traversée depuis plusieurs années. Pour cette reprise, j'ai choisi une valeur sûre que je n'étais pas prête de regretter : Nuit de noces à Ikonos de Sophie Kinsella.

Road trip infernal pour jeunes mariés
Depuis son adolescence, Lottie Graveney ne rêve que d'une chose : se marier. A 34 ans, son petit ami, Richard, s'apprête enfin à lui demander sa main. Enfin ça, c'est ce qu'elle croit. Alors que la soirée s'annonçait parfaite, les choses tournent mal et c'est la rupture. Inutile de se démonter, Lottie accepte un rencart avec Ben, son amour de jeunesse, qui vient justement de reprendre contact. Sur un coup de tête, ils décident de se marier et de partir en voyage de noces à Ikonos, une île grecque paradisiaque où ils se sont rencontrés 15 ans plus tôt. Mais c'est sans compter sur Fliss, la sœur de Lottie, bien décidée à lui faire entendre raison. Pour cela, elle a plus d'un tour dans son sac...

Depuis ses débuts, Sophie Kinsella a habitué ses lecteurs à des romans drôles et légers, alors pourquoi changer une recette qui gagne ? Nuit de noces à Ikonos rassemble tous les ingrédients qui ont fait le succès de la reine de la chick-lit : une intrigue pleine de fraîcheur, des héroïnes gaffeuses mais attachantes et un comique de situation omniprésent. Résultat, ce roman tourne à la course poursuite hilarante où tous les coups sont permis pour empêcher Lottie de consommer son mariage.

Pour donner au lecteur une vue à 360° sur cette situation loufoque, Sophie Kinsella a eu l'intelligence de décupler l'effet humoristique de l'intrigue en alternant le point de vue de Fliss et de Lottie. Mais entre les vacheries, c'est bien l'amitié des deux sœurs qui transparaît. Le tout écrit dans un style spontané, comme si elles nous racontaient leur histoire en direct.

Léger, vif et hilarant, Nuit de noces à Ikonos est le roman idéal pour buller en vacances.

Nuit de noces à Ikonos de Sophie Kinsella, Pocket, 2015, 549 pages

Cela fait presque un mois que je n’ai pas écrit sur le blog. Ce n’est pas par manque de choses à dire (car j’ai bien continué à lire pendant ces trois semaines), mais plutôt par manque de temps et par ce que j’appellerais un léger « passage à vide ».

Pour me faire pardonner, j’ai décidé de vous parler d’un roman qui m’avait été offert à mon anniversaire, que j’ai lu il y a quelques semaines et que j’ai tout simplement dévoré : Mr Mercedes de Stephen King.

Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez que j’ai entrepris, en 2013, de me plonger tête la première dans la gigantesque œuvre littéraire de Stephen King. Et ce, avec un goût et un plaisir qui ne font que se confirmer, livre après livre. En m’offrant Mr Mercedes pour mon anniversaire, mon cher et tendre savait donc qu’il allait toucher en plein dans le mille. Car non seulement, Mr Mercedes est un excellent roman, mais c’est en plus un thriller particulièrement sadique, qui met en scène un bon gros psychopathe des familles totalement allumé (ce qui me plaît particulièrement).

Ce psychopathe, c’est Brady Hartsfield, un jeune homme particulièrement vicieux qui prend son pied en volant une Mercedes, en fonçant avec dans une foule de personnes et en harcelant ensuite la propriétaire de la voiture jusqu’à ce qu’elle se suicide. Jusqu’ici, c’est du Stephen King tout craché.

La nouveauté, c’est ce personnage de Bill Hodges, un policier à la retraite qui hésite la plupart du temps entre vider sa bouteille de whisky ou se faire sauter la cervelle avec son flingue. L’une de ses dernières enquêtes (non aboutie) a justement porté sur les multiples meurtres de Mr Mercedes. Alors, quand il reçoit une lettre du tueur qui souhaiterait le pousser au suicide, Hodges se lance à sa poursuite, avec l’aide du jeune homme qui lui répare son ordinateur et de la sœur de la défunte propriétaire de la Mercedes. Commence alors un jeu du chat et de la souris dont personne ne sortira indemne.

Cruauté, perversité et vice : on est bien dans un roman de Stephen King. J’ai décidément un faible pour les personnages perturbés et si peu conventionnels qu’il met en scène dans chacun de ses romans. Dans Mr Mercedes, pas de fantastique, mais une intrigue carrément jouissive, qui passe du point de vue du tueur à celui de l’enquêteur, bien plus intéressante qu’un roman policier lambda. 

Mr Mercedes m’a beaucoup rappelé Dôme, par sa description sans fards de la réalité américaine des années 2010 : une société en apparence ouverte où le président est noir, mais dans laquelle le racisme, l’homophobie et la misogynie font encore des ravages dans les zones rurales.

Si vous aimez les romans crus, au rythme vif et à l’intrigue teintée d’hémoglobine, je vous recommande vivement Mr Mercedes. Enfin, notez qu’il s’agit du premier tome d’une trilogie centrée sur le personnage de Bill Hodges, dont le second volet, Finders Keepers, est sorti aux Etats-Unis le 2 juin 2015. J’ai hâte de lire cette suite !

Mr Mercedes de Stephen King, Albin Michel, 2015, 473 pages
J'en parle assez régulièrement sur ce blog, je suis une grande amoureuse des chats et je m'intéresse de près, depuis quelques mois, à la relaxation et à toutes les techniques qui gravitent autour (méditation, sophrologie, hypnose...). Alors, quand je suis tombée sur Massages pour chats et pour leurs maîtres, je n'ai pas hésité et je l'ai lu d'une traite : ce livre est fait pour moi.

A l'Académie de Massages de Chaville
Ce petit livre réunit l'amour des chats et les principales techniques de massage. Vous intégrez l'Académie de Massages de Chaville, où le professeur Mykherinos vous apprend les rudiments du massage et de la relaxation

A la fois pédagogique et humoristique, le texte de Claire Gaudin aborde les techniques de massage pour pratiquement tous les endroits du corps, ainsi que les bases de la relaxation et de la pleine conscience. Les illustrations très félines de Christian Gaudin permettent de bien comprendre les différentes techniques expliquées, pour les reproduire ensuite sans difficulté sur les chats comme sur les humains. Succès garanti !

J'aime beaucoup cette démarche ludique qui permet d'apprendre tout en s'amusant. Cette collection de "Guides pour chats" existe depuis vingt ans aux Editions du Relié et aborde, dans une douzaine d'ouvrages, les techniques du bien-être, du Zen au yoga, en passant par le Taï Chi et le Kama Sutra. Notez d'ailleurs que deux titres de cette collection seront publiés chez Pocket au mois d'octobre !

Massages pour chats et pour leurs maîtres de Claire et Christian Gaudin, Pocket, 2015, 89 pages
J'en parle ici tous les ans, le salon international Saint-Maur en Poche est mon salon littéraire préféré. Je l'aime pour sa diversité, sa convivialité et son authenticité.

Cette année, j'ai le plaisir d'être partenaire de la 7ème édition du salon, placé sous le signe du 7ème Art, qui se déroulera les 20 et 21 juin 2015 sur le Parvis de la gare RER Saint-Maur-Créteil. A ce titre, je vous dévoilerai régulièrement en avant-première quelques indiscrétions sur ces deux jours de salon.


Pour cette première révélation, j'ai choisi de vous annoncer la présence de dix auteurs que j'apprécie particulièrement, et que j'ai vraiment hâte de rencontrer sur le salon :

Tonino Benaquista



Anne Perry

Nathalie Hug & Jérôme Camus




Bernard Weber

... et bien d'autres ! 

Pour ceux qui, comme moi, sont de grand amateurs de polars et de thrillers, cette édition s'annonce encore une fois exceptionnelle !

La liste des auteurs présents sera dévoilée petit à petit sur différents blogs. Vous pouvez retrouver toutes les révélations sur la page Facebook du salon.

A très vite pour de nouvelles révélations !
Parmi toutes les intrigues de thrillers, celles qui s'articulent autour d'une mémoire défaillante, libérant peu à peu ses souvenirs, sont parmi mes préférées. La nouvelle que je viens d'achever, Sang blanc de Noémi Krynen, est une bonne surprise et une belle réussite du genre.

Sur les traces du passé
Près de dix ans après y avoir mis les pieds pour la dernière fois, Edouard Chenavier, dentiste à Paris, retourne dans le village de son enfance, à quelques kilomètres de Grenoble, pour y enterrer ses parents tués dans un accident de voiture. A son arrivée, le village est en émoi : depuis quelques jours, une série de meurtres sauvages frappe la région, visant des enfants du pays. Entre les circonstances plus que suspectes de la mort de ses parents et l'enquête de la police, le séjour d'Edouard Chenavier se déroule de manière beaucoup moins tranquille qu'il ne l'avait prévu et le renvoie vers un passé qu'il avait tout fait pour oublier...

En à peine plus de 200 pages, Sang blanc réunit les éléments d'un thriller efficace : une atmosphère méfiante et suspicieuse, une intrigue lourde de mystères et une tension qui monte au fur et à mesure que le dénouement approche. En entrecoupant son récit de flash-back, reconstituant peu à peu le puzzle d'un événement dramatique survenu dix ans plus tôt, Noémi Krynen floute les contours de son intrigue, qui ne se révèle que vers la seconde moitié de la nouvelle. Cependant, j'aurais apprécié un développement plus poussé dans le revirement de l'intrigue, qui opère un virage à 180° à la moitié du récit. A mon sens, la prise de conscience du personnage principal méritait quelques pages en plus.

Malgré ce petit bémol, Sang blanc est un très bon thriller. Construction, suspense et rythme sont parfaitement maîtrisés et mis en valeur par le style vif et recherché de Noémi Krynen. Un récit court mais efficace.

Sang blanc de Noémi Krynen, éditions Taurnada, 2015, 204 pages
S'il y a bien un personnage de polar que j'ai apprécié dès les premiers instants, c'est l'inspecteur Harry Bosch, sorti de l'imagination de Michael Connelly il y a plus de vingt ans. J'ai déjà lu plusieurs de ses aventures et, à chaque fois, je l'apprécie encore un peu plus. Mais la semaine dernière, j'avais envie de retourner aux sources de ce personnage. J'ai donc lu le premier roman de Michael Connelly, dans lequel Harry Bosch fait son apparition pour la première fois : Les égouts de Los Angeles.

L.A. la trouble
Ce que j'aime chez Michael Connelly, ce n'est pas tant son sens de l'intrigue - qu'il a aiguisé, soit dit en passant - que sa manière de représenter Los Angeles comme une ville sale et dangereuse, dont la noirceur des bas fond n'a d'égale que le faste de Hollywood. Sous la plume de Connelly, Los Angeles me fait penser à Saint-Pétersbourg sous celle de Gogol : une ville ténébreuse, habitée par le mal et qui aspire inévitablement l'être humain vers ce qu'elle a de plus mauvais.

Pour en revenir à Harry Bosch, j'ai été agréablement surprise par le fait que, dès sa première apparition, Michael Connelly lui construit une personnalité complexe aux racines profondes, une personnalité qu'il développe un peu plus à chaque roman depuis plus de vingt ans. Dans un avant-propos très intéressant, l'auteur explique d'où vient son personnage, né d'inspirations aussi éclectiques que le peintre Jérôme Bosch, la guerre du Vietnam ou encore le roman Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur d'Harper Lee. Plus qu'un simple flic accro à son idée de la justice, Harry Bosch est un personnage romanesque entier et humain, fait de multiples strates qui le rendent plus intéressant que la plupart des personnages de polar. C'est d'ailleurs pour cette raison que je l'aime.

Enfin, côté intrigue, Les égouts de Los Angeles n'a rien à envier aux grands polars. Pour un premier roman publié, Michael Connelly livre un scénario complexe aux imbrications multiples, à l'image des tunnels de la guerre du Vietnam et des égouts de Los Angeles qui y jouent un rôle à part entière. Le suspense et le rythme sont bien présents, dommage que certains éléments de l'intrigue se laissent deviner trop tôt.

Que vous soyez habitué aux polars ou non, vous avez tout intérêt à vous aventurer du côté d'Harry Bosch, que vous risquez vous aussi d'apprécier.

Les égouts de Los Angeles de Michael Connelly, traduit par Jean Esch, Le Livre de Poche, rééd. 2014, 568 pages

La semaine dernière, j'ai eu envie de me replonger dans un classique de la littérature anglaise : Orgueil et préjugés de Jane Austen. J'avais déjà lu ce monument de l'époque géorgienne il y a quelques années, et je l'ai, cette fois-ci, encore plus apprécié qu'à ma première lecture.

Etre et paraître dans la noblesse victorienne
Je crois que les deux premières phrases du roman résument à elles seules beaucoup de choses :
C'est une vérité presque incontestable qu'un jeune homme en possession d'une grande fortune doit avoir besoin d'une épouse. Bien que les sentiments et les goûts d'un tel homme ne soient pas connus, aussitôt qu'il vient se fixer dans une province, les familles du voisinage le regardent comme un bien qui doit dans peu appartenir à l'une ou l'autre de leurs filles. (p. 5)
Petite famille de la gentry anglaise, les Bennet ont cinq filles en âge de se marier, ce qui est devenu la préoccupation première de leur mère. Lorsqu'un jeune noble très riche arrive de Londres pour s'installer dans la propriété voisine de la leur, c'est le branle-bas de combat : l'une des filles Bennet doit devenir son épouse.

On pourrait croire qu'Orgueil et préjugés n'est qu'un récit linéaire sur le mariage des filles Bennet et les relations tantôt glaciales, tantôt passionnées entre les différents personnages du roman. Il y a de cela, mais pas seulement. Ce que j'aime particulièrement dans ce livre, c'est la vanité et, au fond, la stupidité de la noblesse géorgienne, qui transparaît à travers le tableau de la société que peint Jane Austen. Les codes de conduite ne reposent que sur une chose : le rang (et, au passage, la richesse personnelle qui va avec). Peu importe alors qu'untel soit éperdument amoureux d'unetelle, si les familles ne sont pas du même rang, cela donnera un mariage déshonorant qui jettera l'opprobre sur le reste de la lignée.

A travers le personnage d'Elizabeth Bennet, cette jeune fille intelligente et malicieuse qui n'a pas son pareil pour lire le véritable caractère des gens, Jane Austen se moque de cette société du paraître, aux rapports hypocrites et à l'orgueil débordant. Elizabeth, tout en respectant les codes de conduite, affirme son indépendance et sa vivacité d'esprit, ce qui en fait l'une des héroïnes les plus intéressantes (à mon sens) de la littérature classique. Cette liberté qu'elle revendique me fait penser à une autre femme de la littérature anglaise, Jane Eyre, apparue quelques années plus tard sous la plume de Charlotte Brontë.

En plus des personnages, j'aime le style élégant mais vif et plein d'humour de Jane Austen, qui ne manque jamais une occasion de tourner un personnage en ridicule (je pense notamment à Mrs Bennet, Mr Collins et Lady Catherine) et de faire sourire son lecteur. A noter : j'ai lu Orgueil et préjugés dans une réédition parue cette année chez Milady, dont la traduction a été révisée, et qui souligne parfaitement l'ironie et la satire qui sous-tendent toute l'oeuvre. Un chef-d'oeuvre à lire absolument !

Orgueil et préjugés de Jane Austen, Milady Romance, 2015, 524 pages
Bien que mes goûts littéraires tendent vers l'éclectisme, j'aime toujours revenir au thriller, mon genre de prédilection. Récemment, j'ai été agréablement surprise par le roman étonnant d'une auteur talentueuse : Apnée noire de Claire Favan.

Méfiez-vous des apparences
A peine un an après s'être éveillée d'un cauchemar macabre, la ville de Colombia, aux Etats-Unis, doit à nouveau faire face à l'intolérable : la série de meurtres a repris. C'est toujours la même signature, une femme, pieds et poignets liés par une corde bleue, retrouvée noyée dans sa baignoire. Cette signature, c'est celle de Vernon Chester, le serial killer qui a fait trembler la ville. Mais voilà, Chester a été exécuté il y a un an. A-t-on affaire à un imitateur ou le FBI s'est-il trompé de cible ? L'agent spécial Megan Halliwell a son avis sur la question, mais elle doit bien composer avec la police locale, et notamment ce Vince Sandino, un flic raté sur la pente descendante...

A la lecture des premières pages d'Apnée noire, j'ai bien cru à un polar lambda, digne d'un bon épisode des Experts : efficace mais sans surprise. C'était sans compter sur l'imagination perverse de Claire Favan, qui a bien écrit là un excellent thriller. Rapidement, on sort des codes classiques du roman policier, l'intrigue se creuse et devient de plus en plus complexe, marquée par des impasses et des rebondissements multiples.

Toute l'intelligence de ce roman réside dans la profondeur des personnages principaux, les enquêteurs Halliwell et Sandino, et dans leur perception de l'enquête. J'ai entendu Stephen King dire qu'un roman ne vit pas par son intrigue, mais par ses personnages. Cette affirmation trouve toute sa résonance dans Apnée noire, dont le déroulement est plus que jamais influencé par les perceptions, les doutes et les certitudes de ses protagonistes. Avec une habileté sadique et un style qui tranche dans le vif, Claire Favan balade son lecteur et l'emmène exactement là où elle le veut, en le faisant passer par de fausses pistes qu'elle prend ensuite un malin plaisir à dégommer.

Avec son rythme soutenu, son intrigue en épingle à cheveux et ses personnages complexes, Apnée noire m'a laissé sur une excellente impression. A lire si vous aimez les surprises.

Apnée noire de Claire Favan, Pocket, 2015, 380 pages
Il y a parfois des moments où j'ai besoin d'un livre courte, drôle et surtout sans prise de tête pour m'aérer l'esprit. Ma dernière lecture, La Philosophie selon Bernard de Patrice Jean, répond à ces trois critères.

La philosophie dans le caleçon
Bernard Michaud est ce qu'on appelle un beauf. Un bon gros couillon à l'esprit mal placé, reconnaissable à ses blagues vaseuses, son attitude queutarde et ses jugements à l'emporte-pièce. Le genre de type qui méprise de loin la philosophie sans jamais s'en être approché. Mais lorsque Christine, sa supérieure dont il lorgne le postérieur à longueur de journée, déclare un jour "Oui mais Bernard, c'est un philosophe", l'individu se rend à l'évidence : lui, le philosophe qui s'ignore, va remettre son esprit en route pour faire profiter à l'humanité de ses pensées... et mettre Christine dans son lit.

En mettant en scène les tribulations philosophiques de son personnage, Patrice Jean s'est fait plaisir : Bernard-vote-à-droite parmi les altermondialistes, Bernard le réac' dans une réunion de profs, Bernard l'amateur de soirées bière-match de foot dans un café philo... il lui a fallu en subir, des épreuves, pour se taper la Christine. Au fil des aventures de Bernard, on rit devant les situations cocasses dans lesquels se met le pauvre bougre, mû par son "esprit philosophique" tout entier contenu dans son caleçon.

Mais rapidement, l'esprit beauf revient au galop et Bernard redevient lourd et lassant, ce que l'auteur ne manque pas de souligner. D'ailleurs, tout le monde, dans son livre, en prend pour son grade : de l'illustre Bernard, dont le cerveau se situe la plupart du temps sous la ceinture, à son rival, Michel Le Berre, philosophe bobo prônant encore la lutte des classes, en passant par leurs admirateurs et admiratrices, toujours prêts à gober leurs paroles les plus incongrues, pourvu qu'elles aient l'air d'avoir été déclarées en philosophe. Au fond, tous les personnages ont leur lot de ridicule et s'accrochent aux théories de grands philosophes dont ils n'ont rien compris pour justifier leurs petites idées. Aristote, Platon, Nietzsche, Descartes et tous les auteurs cités ont de quoi se retourner dans leur tombe.

Côté style, la plume de Patrice Jean est bien affûtée et ironique à souhait. Le comique de situation est redoublé par le malin plaisir que prend l'auteur à choisir des mots qui décrivent la médiocrité qui nous entoure... et qui font mouche. Une belle tranche de rire en perspective.

La Philosophie selon Bernard de Patrice Jean, Pocket, 2015, 152 pages
En règle générale, j'aime bien "souffler" entre deux tomes d'une trilogie en lisant un livre d'un genre différent. Mais une fois lu le premier volet du Chat du jeu de quilles de Florence Clerfeuille, j'ai eu envie d'en connaître la suite sur le champ. Je me suis donc ruée sur le tome deux, et je n'ai pas été déçue.

Alerte enlèvement en terre aveyronnaise
Le second tome du Chat du jeu de quilles démarre sur un événement inattendu qui agite la tranquillité du village : après avoir révélé dans la presse l'identité du meurtrier du père Pommier, Manon a mystérieusement disparu. Si certains ne semblent pas bouleversés par cette disparition, Marc, lui, met tout en oeuvre pour la retrouver. 

Dans cet opus, l'intrigue se resserre autour de Marc, qui vadrouille entre l'Aveyron et Paris à la recherche d'indices pouvant le mettre sur les traces de Manon. Il rencontre notamment deux personnages hauts en couleurs : la mère et la grand-mère de la jeune femme, toutes aussi originales qu'elle. Ce second tome est également l'occasion d'approfondir la personnalité de certains habitants du village qui s'étaient faits plutôt discrets jusqu'à présent.

Au final, Florence Clerfeuille livre là un deuxième opus plus dynamique, plus rythmé et encore plus addictif que le premier. Avec une intrigue pleine de rebondissements et de surprises, le suspense est à son comble.

La seule frustration de ce roman, c'est de devoir en attendre la suite, à paraître en juin prochain. Soyez certains que je serai parmi les premiers à lire le troisième et dernier tome du Chat du jeu de quilles et que je vous en parlerai sans faute. En patientant, plongez-vous dans les deux premiers volets de cette trilogie à fort potentiel.

Le chat du jeu de quilles, tome 2 : Qu'est-il arrivé à Manon ? de Florence Clerfeuille, 196 pages
Tome 1 et tome 2 disponibles en ebook sur Amazon
Tome 3 à paraître en juin 2015
Si vous me suivez depuis quelques temps, vous connaissez ma prédilection pour les romans à suspense et à l'intrigue bien ficelée. Alors, quand Florence Clerfeuille m'a parlé de sa trilogie Le chat du jeu de quilles, un polar aveyronnais dont l'un des personnages principaux est un chat, je n'ai pas hésité une seconde. J'ai d'ailleurs bien fait, car le premier tome est une formidable découverte.

Enquête en terre aveyronnaise
Marc est un ancien journaliste. Mis à la retraite sans qu'on lui demande son avis, il tourne en rond dans son appartement parisien. C'est alors que Manon, sa jeune collègue, l'invite à la suivre dans un petit village au cœur de l'Aveyron. Là-bas, il y a dix ans, l'une des figures du village, le père Pommier, s'est fait froidement assassiner, sans que son meurtre n'ai jamais été élucidé. Il n'en faut pas plus à Marc pour tout plaquer, venir s'installer avec Manon dans le village, et mener l'enquête pour savoir enfin qui a tué le père Pommier. Même si ça ne plaît pas à tout le monde...

Oubliez toutes vos idées reçues sur les romans régionaux et les intrigues rurales. En ouvrant ce roman, préparez-vous à vivre en immersion totale dans un petit village de l'Aveyron, où tout le monde vit sa vie... en apparence. En réalité, on est loin des après-midi plan-plan passés à jouer aux quilles de huit et des apéros à la bière au Café des Sports. Derrière cette façade bien tranquille, tout le village ne parle que d'une chose : l'arrivée de Marc et Manon, ce jeune couple à la différence d'âge trop grande, qui rappelle curieusement Clotilde, la jeune épouse du père Pommier retrouvée pendue dans une grange il y a dix ans. Et par le plus grand des hasards, voilà que son chat, un matou qu'on avait plus vu depuis la mort de la jeune femme, refait surface au village. 

Dans le premier tome de sa trilogie, Florence Clerfeuille mélange avec brio un talent certain pour le polar (même si le flic, en l'occurrence, est un journaliste à la retraite) et un tableau réaliste et touchant de l'Aveyron, un pays qu'elle connaît bien. Pas de doute, il s'agit bien là d'un roman aveyronnais pur jus, infusé aux quilles de huit, le sport régional. En bons ruraux qui se respectent, les habitants du village sont méfiants envers les nouveaux arrivants (surtout quand ils sont Parisiens !), surtout lorsque ceux-ci sont venus pour remuer les vieilles affaires.

Dès les premières pages, je me suis surprise à dévorer ce roman avec avidité. Comme Marc et Manon, je ne voulais savoir qu'une chose : qui a tué le père Pommier. Et je dois dire que je ne suis pas déçue. L'intrigue est bien ficelée, bien rythmée et sans le moindre temps mort : vous avez beau vous trouver dans un village où la moyenne d'âge doit être de soixante ans, vous n'avez pas le temps de vous ennuyer !

Côté plume, c'est également une belle surprise : Florence Clerfeuille écrit dans un style vif, comme ses personnages, sans pour autant sacrifier la langue sur l'autel de l'intrigue. Je reconnais là d'ailleurs l'influence de l'écrivain Jean-Philippe Touzeau, que l'auteur remercie à la fin de son livre.

Avec une intrigue saisissante, des personnages entiers et un style bien vivant, Le chat du jeu de quilles a tout pour plaire. Si vous cherchez un roman atypique, à l'atmosphère rurale si dépaysante, ne cherchez plus : vous l'avez trouvé.

Le chat du jeu de quille, tome 1 : Qui a tué le père Pommier, de Florence Clerfeuille, 195 pages
Tome 1 et tome 2 disponibles en ebook sur Amazon
Tome 3 à paraître en juin 2015
Bien que très peu habituée à lire de la romance, j'ai été doublement attirée lorsque j'ai entendu parler du nouvel opus de Rainbow Rowell, A un fil : d'abord par l'envie de découvrir son auteur qui a conquis le cœur de nombreux lecteurs avec ses romances Fangirl et Eleanor & Park. Ensuite par son intrigue qui semblait annoncer une belle uchronie. Malheureusement, ce fut une lecture sans surprise qui m'a laissée sur ma faim.

Le passé au bout du fil
Au lieu d'aller passer les fêtes de Noël chez ses beaux-parents dans le Nebraska, comme tous les ans, Georgie décide de rester à Los Angeles pour travailler sur le projet de sa vie. C'en est trop pour Neal, son mari, qui part seul avec leurs deux filles, sans donner de nouvelles ni répondre au téléphone. Alors que leur mariage bat de l'aile depuis des années, cette fois-ci, tout semble terminé pour de bon. C'est alors que Georgie ressort un vieux téléphone jaune à cadran qui prenait la poussière chez sa mère, dans sa chambre de jeune fille. Contre toute attente, ce vieux coucou lui permet de discuter avec Neal... quinze ans plus tôt. Ce retour en arrière est-il l'occasion de réparer ses erreurs et d'influencer le présent ?

Si ça n'est pas une belle promesse d'uchronie, c'est-à-dire une réécriture du présent en modifiant les événements du passé, comme dans Retour vers le futur, je ne m'y connais pas ! Rapidement, l'auteur développe son intrigue et nous porte à croire que ce fameux téléphone jaune, à la manière de la DeLorean (oui, j'ai envie de filer la métaphore), va remarquablement influencer le cours des événements et la relation de Neal et Georgie. C'est du moins ce à quoi je m'attendais. A mon grand désarroi, Rainbow Rowell ne fait que survoler le sujet et nous livre ni plus ni moins qu'une romance somme toute banale.

Certes, les points positifs sont nombreux : les personnages sont attachants (même si Georgie, à la quarantaine, a encore la fâcheuse tendance de se comporter comme une ado), leur relation est complexe et on prend réellement plaisir à suivre leur histoire. L'écriture est simple mais efficace et le bond en plein cœur des années 90 a de quoi rendre nostalgique. Malheureusement, tout ce plaisir est gâché, pour moi, par une intrigue beaucoup trop prévisible malgré un gros potentiel, et par ce sentiment rageant que, mince alors, à quoi bon écrire tout un roman pour se retrouver au même point au départ comme à l'arrivée ?

J'ai passé un bon moment (au début) en lisant A un fil, mais je me suis vite lassée. Il s'agit là d'un roman qui plaira probablement aux amateurs de romance ou aux fans de l'auteur. Pour ma part, je parlerais plutôt de déception et de promesse non tenue. Dommage.

A un fil de Rainbow Rowell, Milady, 2015, 413 pages
Vous vous souvenez probablement de la trilogie Requiem pour Sascha d’Alice Scarling, dont j’avais dévoré le premier tome, Lacrimosa, et sa suite, Dies Irae. Le troisième volet, Agnus Dei, est sorti il y a quelques jours, et c’est avec tout autant d’enthousiasme et de plaisir que je l’ai savouré. Un troisième tome qui clôture la saga avec brio.

L'heure des choix
A la fin du tome 2, Alice Scarling nous laissait avec une Sascha en bien mauvaise posture. Dans Agnus Dei, elle fait preuve de clémence envers ses lecteurs en reprenant le récit à l’endroit même où elle l’avait laissé. Finis néanmoins le comique de situation à tout va et les pirouettes heureuses pour se sortir in extremis d’un mauvais pas, il s’agit là clairement du tome le plus sombre de la trilogie. L’Apocalypse est imminente et les événements de la fin du tome 2 ont opéré un revirement dans la personnalité de Sascha qui, bien que toujours à fleur de peau, est devenue craintive et taciturne. Elle intériorise la grande majorité de ses émotions, dont seul le lecteur a désormais la primeur, ce qui donne lieu, vous vous en doutez, à de nombreux malentendus avec ses acolytes.

Parlons-en, d'ailleurs, de ses acolytes. Sans surprise, Alice Scarling réunit les deux compagnons de Sascha, Raphaël et Zekiel, ce qui, bien sûr, ne fait qu’embrouiller les idées de l’héroïne déjà bien amochée. Après avoir goûté aux deux, la voilà maintenant obligée de faire un choix (pour ma part, j’ai une préférence pour Zekiel, mais après avoir discuté à quelques lectrices, il s’avère que Raphaël a aussi son nombre d’admiratrices).

Mais la nouveauté de ce tome 3, c’est l’arrivée d’un nouveau personnage, et pas des moindres, puisqu’il s’agit du fils de Dieu. Attention, oubliez le Jésus chaste et barbu que vous connaissez, Alice Scarling revisite le mythe à sa sauce. Ici, le fils de Dieu s’appelle Kevin (non, ça n’est pas une blague), il est gay et travaille comme stripteaseur dans un club SM. C’est ce qu’on appelle une réinterprétation.

Côté intrigue, l’Apocalypse prend un tour inédit et la mission se corse à mesure que Sascha voit ses certitudes balayées les unes après les autres par des révélations surprenantes. Le passé de Sascha, tout comme celui de Raphaël et Zekiel, se désépaissit, et la division du monde entre Ordre et Chaos n’est plus si évidente que cela.

Si je ne devais émettre qu'une réserve, ce serait sur la fin, trop rapide à mon goût par rapport au reste du roman tout en développement. J'ai également trouvé les différents choix de Sascha curieusement faciles comparés à ses hésitations maladives tout au long des trois tomes.

Hormis ce petit couac, la trilogie est un sans faute. Avec son style nerveux, son humour très présent et son intrigue originale, Alice Scarling parvient à nous tenir en haleine et à nous emporter dans son univers singulier. A découvrir de toute urgence.

Requiem pour Sascha, tome 3 : Agnus Dei d’Alice Scarling, 2015, Milady, 379 pages

Il y a des livres qui, une fois commencés, sont impossibles à lâcher tellement ils vous entraînent dans une dimension parallèle. Le dernier que j’ai lu est de ceux-là : La Vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker, 850 pages de pur bonheur.

« Un bon livre est un livre que l’on regrette d’avoir terminé »
Cette citation d’un des personnages principaux du roman résume à la perfection le sentiment que j’ai à propos de ce livre. Malgré son succès immédiat à sa sortie en 2012, La Vérité sur l’affaire Harry Quebert ne m’avait jamais vraiment intriguée. Quand ma collègue de travail m’a proposé de me le prêter, je dois donc avouer que c'est avec une certaine indifférence que je l’ai commencé. C’était un bien mauvais jugement : quatre jours après l’avoir terminé, j’y pense encore et j’aimerais déjà le relire.

33 ans après sa disparition dans la petite ville d’Aurora dans le New Hampshire, Nola Kellergan, 15 ans, est retrouvée assassinée, enterrée dans le jardin de Harry Quebert, un écrivain de légende dont le chef d’œuvre est étudié dans toutes les écoles d’Amérique. Alors que tout semble le désigner, Marcus Goldman, son « fils spirituel », à qui il a tout appris, fait le déplacement jusqu’à Aurora pour faire disculper son ami.

L’intrigue paraît simple au début, mais elle ne le reste pas longtemps. Tout au long des 850 pages, Joël Dicker réussit le tour de force de capter l’attention du lecteur avec une maîtrise des péripéties époustouflante. Il vous en met plein la vue, vous fait croire à des hypothèses qu’il s’amuse à démonter par la suite, bref, il joue avec vos nerfs pour ne vous révéler la vérité triomphante qu’à la toute dernière page.

Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est cette intrigue à la croisée des chemins, ce mélange de thriller, de polar, de roman d’amour et de récit initiatique. Cette déclaration d’amour aux livres et aux gens. Le tout lié par une écriture fluide et légère

Ne faites pas l’erreur que j’ai commise en passant devant ce roman sans vous arrêter : si vous en avez l’occasion, lisez-le plutôt deux fois qu’une.

La Vérité sur l’affaire Harry Quebert de Joël Dicker, Editions de Fallois (poche), 2014, 854 pages

Me voici de retour après une énième panne générale de lecture et d’écriture qui, je l’espère, est révolue. En ces temps tristes et moroses, on a parfois l’envie de partir, de se retirer du monde et de ne vivre que pour la beauté des instants éphémères. Certains ne se contentent pas de le dire, ils le font. C’est le cas de Sylvain Tesson, cet écrivain baroudeur qui, en 2010, a passé 6 mois dans une cabane au fin fond de la Sibérie, au bord du lac Baïkal. De cette expérience hors du commun, il a écrit un livre à la fois beau et touchant, Dans les forêts de Sibérie.

Ce séjour en cabane raisonne en moi d’une manière particulière. Tout d’abord parce que j’aime la Russie, c’est un pays où j’ai vécu, dont je parle la langue et dont, quoi qu’on puisse en dire, j’aime les gens. Ensuite parce que le projet de Sylvain Tesson, j’en ai entendu parler bien avant son départ. En 2010, c’était l’Année France-Russie, douze mois de célébrations des cultures russe et française organisées simultanément dans les deux pays. Depuis fin 2009, j’étais stagiaire, dans le cadre de mes études de russe et de communication, dans l’agence conjointe du Ministère des Affaires Etrangères et du Ministère de la Culture chargée d’organiser l’Année France-Russie. Plusieurs fois, j’ai croisé Sylvain Tesson dans les couloirs, et j’avoue que son projet de partir seul en Sibérie m’a toujours fascinée.

Eloge de la lenteur au cœur des bois
Pour revenir au livre, j’ai tout de suite aimé cette atmosphère clairement dépaysante qui règne du début à la fin. Nostalgique, j’y ai reconnu certains aspects de la vie russe, du climat (même si j’ai vécu dans la capitale et non en Sibérie) et du caractère à la fois bourru et hospitalier des gens, qui me font aimer ce pays.

Jour après jour, Sylvain Tesson fait le récit de ses journées, en apparence vides, de ses rencontres, pas si rares que cela, de ses états d’âme aussi, sur le bonheur d’être seul, de ne vivre que pour soi et de pouvoir contempler la nature sans se soucier du temps qui passe. Ses compagnons de route, ce sont les livres et la vodka. Les uns pour vaincre l'ennui et réfléchir à sa condition, l’autre pour rester au chaud et fraterniser avec les visiteurs de passage. 

Quand on se méfie de la pauvreté de sa vie intérieure, il faut emporter de bons livres : on pourra toujours remplir son propre vide. L'erreur serait de choisir exclusivement de la lecture difficile en imaginant que la vie dans les bois vous maintient à un très haut degré de température spirituelle. Le temps est long quand on n'a que Hegel pour les après-midi de neige. (p.32)

Mais plus que tout, Sylvain Tesson disserte sur l’ermitage et ce qu’il a gagné en se retirant de la société. Une vie beaucoup plus simple, beaucoup plus lente, une vie où on redécouvre la beauté époustouflante du monde, une vie où contempler une mésange jouer dans la neige peut occuper une matinée entière.

Je suis seul. Les montagnes m'apparaissent plus sévères. Le paysage se révèle, intense. Le pays me saute au visage. C'est fou ce que l'homme accapare l'attention de l'homme. La présence des autres affadit le monde. La solitude est cette conquête qui vous rend jouissance des choses. (p.36)

Côté style, il y a beaucoup de recherche. On sent que l’auteur est poète, qu’il est toujours à la recherche d’une belle image, quitte à en faire un peu trop. Mais je lui pardonne son style parfois ampoulé pour m’avoir fait retourner en Russie. Si ce pays vous fascine, si vous êtes un aventurier ou si vous souhaitez tout simplement lâcher prise le temps d’un récit, ce livre est pour vous.

Dans les forêts de Sibérie de Sylvain Tesson, Folio, 2013, 290 pages