Si vous me suivez depuis quelques temps, vous savez que parmi mes auteurs chouchous, il y a Laurence Peyrin. J'ai lu tous ses livres et je suis toujours touchée par sa plume sensuelle et ses héroïnes si fortes, si inspirantes. Son dernier roman, Ma Chérie, ne déroge pas à la règle. C'est un vrai bonheur de lecture que je vous recommande vivement !
Quatrième de couverture
Née dans un village perdu du sud des États-Unis, Gloria était si jolie qu’elle est devenue Miss Floride 1952, et la maîtresse officielle du plus célèbre agent immobilier de Coral Gables, le quartier chic de Miami.
Dans les belles villas et les cocktails, on l’appelle « Ma Chérie ». Mais un matin, son amant est arrêté pour escroquerie. Le monde factice de Gloria s’écroule : rien ne lui appartient, ni la maison, ni les bijoux, ni l’amitié de ces gens qui s’amusaient
avec elle hier encore.
Munie d’une valise et de quelques dollars, elle se résout à rentrer chez ses parents. Dans le car qui l’emmène, il ne reste qu’une place, à côté d’elle. Un homme lui demande la permission de s’y asseoir. Gloria accepte.
Un homme noir à côté d’une femme blanche, dans la Floride conservatrice de 1963…
Sans le savoir, Gloria vient de prendre sa première vraie décision et fait ainsi un pas crucial sur le chemin chaotique qui donnera un jour un sens à sa nouvelle vie…
Mon avis
Parmi tous les romans de Laurence Peyrin, mon préféré est de loin L'aile des vierges, qui avait été mon coup de foudre littéraire l'année dernière. Difficile donc d'égaler ce roman qui avait placé la barre si haut, et pourtant, Ma Chérie m'a conquise dès les premiers chapitres.
Gloire, pitié, espoir
La force des romans de Laurence Peyrin réside principalement dans le charisme de ses héroïnes. Et une fois encore, Gloria, la protagoniste de Ma Chérie, crève le papier. J'ai immédiatement été touchée par cette jeune femme portée aux nues puis piétinée, capable de se relever la tête haute après avoir été trahie, moquée et humiliée. A elle seule, Gloria est le symbole de la jet set : une société du paraître qui se jette à vos pieds, mais vous tourne le dos dès que vous tombez en disgrâce.
Mais Gloria est aussi et surtout le symbole de l'humilité : être capable de se relever pour admettre ses erreurs, demander pardon et tout recommencer à zéro n'est pas donné à tout le monde. Par sa simplicité et sa modestie, Gloria est un personnage profondément humain et attachant, un véritable modèle que j'ai quitté avec un pincement au cœur.
Lutte pour les droits civiques
En plus de Gloria, il y a tous les personnages qui gravitent autour d'elle : ses parents, Marcus, Benjamin, Rose, aussi attachants les uns que les autres. En plantant le décor du roman dans les Etats américains du sud, à la fin des années 50, Laurence Peyrin aborde un sujet bien plus profond encore que la résilience face à l'adversité : la ségrégation et la lutte pour les droits civiques.
La romancière dépeint un environnement où la violence et le racisme sont la norme, même s'ils cèdent peu à peu du terrain face à l'espoir porté par les défenseurs des droits, Martin Luther King et John Kennedy en tête. Le récit prend alors une dimension humaniste époustouflante, dont on ressort à la fois triste et plein d'espoir.
Un ravissement pour les sens
Comme dans tous ses romans, Laurence Peyrin a fait de Ma Chérie un texte sensuel, qui fait appel à chacun des cinq sens durant toute la lecture. Les descriptions sont si fidèles à la réalité que vous vivez l'action comme si vous y étiez : vous voyez les couleurs chatoyantes des oiseaux tropicaux de la mangrove, vous sentez le délicat fumet de la key lime pie qui sort du four, vous touchez la peau de Marcus quand Gloria l'étreint.
Lire ce roman, c'est une expérience à part entière dont on ne se lasse pas.
En bref
Le portrait inspirant d'une femme humiliée qui relève la tête et reconstruit sa vie en partant de zéro, au cœur d'une Amérique conservatrice en proie aux conflits raciaux. Un récit solaire et militant qui donne force et espoir.
Le livre
Ma Chérie de Laurence Peyrin
Editions Calmann-Lévy (2019), 400 pages
Un grand merci aux éditions Calmann-Lévy pour cette lecture.
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