Critique livre : Tuer le père, d'Amélie Nothomb


Amélie Nothomb est, c'est le moins qu'on puisse dire, l'un des écrivains francophones les plus originaux de notre époque, je dirais même les plus loufoques. Et elle l'assume parfaitement. Cela fait maintenant vingt ans qu'elle écrit, et elle a publié de vraies petites merveilles.

J'ai souvent l'impression qu'Amélie Nothomb, soit on adore, soit on déteste. J'aimerais me situer entre les deux, si c'est permis. J'ai été une inconditionnelle d'Amélie Nothomb il y a une dizaine d'années : les meilleurs de ses romans sont pour moi Métaphysique des tubesStupeur et tremblementsRobert des noms propres et Hygiène de l'assassin. Du grand Nothomb bourré d'humour et d'originalité.

Néanmoins, j'ai commencé à me lasser de ses livres à partir d'Antéchrista et Biographie de la faim. La faute probablement à une recette qu'Amélie Nothomb semble réutiliser dans chacun de ses bouquins : les confessions autobiographiques teintées d'un humour qui prouve que l'auteur ne se prend pas au sérieux, un style libre où les néologismes sont légion. Pour le lecteur, je trouve que la sauce devient aigre...

Ce qui me dérange aussi de plus en plus chez Amélie Nothomb, c'est cette vélocité à écrire et à publier ses livres : je n'ai absolument rien contre les boulimiques de l'écriture - ni contre les boulimiques tout court, d'ailleurs -, mais à condition que les livres soient achevés. Car le problème est bien là : pour moi, les derniers livres d'Amélie Nothomb ne sont pas aboutis. Donc, soit Amélie Nothomb a fait le choix d'écrire vite pour être publiée à chaque rentrée littéraire, comme c'est le cas depuis vingt ans, soit elle n'a plus grand chose à écrire...

 

J'ai lu presque tous les livres d'Amélie Nothomb, et le dernier, Tuer le père, est de loin celui qui m'a le plus déçue : malgré une intrigue qui fonctionne, on regrette un livre trop court, et surtout la solution de facilité qui consiste à utiliser le motif du meurtre psychologique du père et du complexe d'Oedipe de manière tellement édulcorée, que ça ne ressemble plus qu'à une vulgaire psychologie de comptoir. Je pense qu'il s'agit là de deux motifs qui ont été abondamment étudiés et abordés durant tout le 20ème siècle, et que la moindre des choses, c'est de ne pas survoler le sujet.... C'est bien dommage, car ce livre se lit bien, de bout en bout. Amélie Nothomb sait intriguer son lecteur et lui donner l'envie de savoir comment finit l'histoire. 

Voici l'histoire : un jeune garçon passionné de magie est "adopté" par le plus grand magicien de Las Vegas et sa femme. Mais eu fil des années, le "fils", amoureux de la "mère", défie le "père". Une intrigue sur fond de tours de magie, de firedancers, d'acide et de LSD.

Interrogée par François Busnel (La Grande Librairie en septembre 2011) sur la raison d'écrire des romans si courts, Amélie Nothomb avait répondu que ses romans se prêtaient à la relecture. C'est un point de vue tout à fait personnel, mais je n'ai pas vraiment vu de double sens dans ce roman...


Ce que j'ai aimé dans ce roman :
  • Une intrigue bien ficelée, avec des rebondissements et des péripéties comme Amélie Nothomb sait les inventer et qui donne envie de finir le livre.
Ce que j'ai moins aimé :
  • La facilité du traitement psychologique des personnages : à moins d'être traités de manière profonde et novatrice, le meurtre psychologique du père et le complexe d'Oedipe sont des motifs qui ont été trop abordés pour être originaux.
  • L'écriture "automatique" d'Amélie Nothomb : j'ai souvent eu l'impression, à la lecture, d'être face que "premier jet" d'écriture, et qu'il n'y avait pas vraiment eu de relecture.
1 commentaire :
  1. Bon, je le lirais c'est certain. Tout simplement parce que le thème de l'illusionisme est un argument imparable à mon goût. A lire ton billet, je me dis aussi qu'étant moins habituée que toi des romans de la dame, j'ai moins de chance d'être lassée ou de pouvoir comparer avec ce qu'elle publiait au début.

    Cela-dit j'attendrais la sortie poche, car je ne suis pas non plus particulièrement pressée.

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