Il commet l'insoutenable et s'en tire toujours indemne : avec Prendre Lily de Marie Neuser, bienvenue dans l'antre du diable.
Quatrième de couverture :
Une mère de famille retrouvée assassinée dans sa baignoire, les doigts comme un écrin renfermant deux mèches de cheveux. Le corps d'une étudiante coréenne abandonné la nuit dans un quartier désert. Et des jeunes femmes qui témoignent : leurs cheveux coupés net, tandis qu'elles vivent, marchent, respirent dans une petite ville balnéaire d'Angleterre qui ne connaît pas les débordements.
Non loin de la salle de bains de Lily Hewitt vit Damiano Solivo. On le donnerait le bon Dieu sans confession si ce n'étaient ces déviances auxquelles il s'adonne en secret. Mais son épouse peut le jurer : Damiano est innocent. Damiano est même victime. Victime, oui : de la complexité d'une machinerie sociale et judiciare qui sait comment on façonne les monstres.
Mon avis :
En ouvrant Prendre Lily, préparez-vous à faire connaissance avec le diable. Un diable mou et onctueux, mythomane, qui crie à l'acharnement judiciaire alors que toutes les preuves l'accablent. Un diable aussi glissant qu'une savonnette, qui passe entre les mailles de tous les filets qui lui sont tendus. Un diable qui donne la nausée.
La nausée, c'est ce qu'éprouve également le narrateur, un des policiers chargés de l'enquête sur la mort de Lily Hewitt. Cette investigation va le miner, l'obséder jusqu'à devenir le centre de sa vie. Durant des années, il s'acharne à démontrer la culpabilité de Damiano Solivo, il s'insurge contre l'injustice de voir un tel monstre ressortir en homme libre après chaque garde à vue.
La force du roman réside justement dans l'acharnement du narrateur, sans qui le récit serait plus ennuyeux. Je l'ai en effet trouvé un peu long et sans grande surprise, surtout à la fin. Mais en y réfléchissant bien, il s'agit peut-être d'une manoeuvre de l'auteur pour faire ressentir à son lecteur tout l'accablement qui pèse sur le narrateur. Et si c'est le cas, c'est bien joué.
Le préquel de Prendre Lily, Prendre Gloria, a paru en janvier 2016 chez Fleuve Noir. J'attendrai sa sortie poche mais je suis curieuse de retrouver ce Damiano Solivo dans sa jeunesse.
Prendre Lily de Marie Neuser, Pocket, 2016, 561 pages
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