Frédéric Lenormand revient avec un roman drôle et divertissant qui met en scène un nouveau personnage et tourne en dérision le sexisme et la couardise des tire-au-flanc pendant la Première Guerre Mondiale.
Quatrième de couverture
Au début de la guerre de 1914, un policier décide de revêtir une identité féminine pour échapper à la mobilisation. Ray Février devient "Loulou Chandeleur", détective privé en bas de soie et chapeau à voilette. Ray-Loulou se rend compte qu'il est aussi bon flic en robe qu'en pantalon, et peut-être meilleur homme qu'auparavant.
Aux côtés de la patronne de l'agence de détectives, la charmante Miss Barnett - qui ne connaît pas son secret -, Loulou enquête sur une intriguante affaire de lettres de menaces. Quand le maître chanteur commence à mettre son plan à exécution et que les meurtres se multiplient, notre étonnant duo plonge dans une succession de surprises et de pièges périlleux.
Entre 1914 et 1918, ce sont les Françaises qui ont fait vivre le pays. Ce roman raconte leur émancipation et la difficulté d'être une femme en temps de guerre... surtout quand on n'en est pas une.
Mon avis
Pour écrire Les femmes sont éternelles, Frédéric Lenormand s'est inspiré de l'histoire vraie de Paul Grappe, un soldat déserteur qui, pendant la Première Guerre Mondiale, s'était travesti en femme pour ne pas être envoyé dans les tranchées. A ce détail près que le personnage de Loulou Chandeleur est beaucoup plus cocasse, à la sauce Lenormand.
A la réception de sa lettre de mobilisation, le policier Ray Février fait le choix de la robe, des bas et du chapeau, devenant l'enquêtrice Loulou Chandeleur plutôt que de se risquer à finir en chair à canon. Une décision à la fois lâche et courageuse qui lui vaudra, durant toute l'intrigue, d'être poursuivie par son ancien patron chasseur de déserteurs, et d'être la victime des remarques lourdes et sexistes des quelques couards restés à Paris qui ne voient en elle qu'une cruche bonne à faire les magasins et à récurer les casseroles.
Dans un enchaînement de péripéties rocambolesques qui font la marque de fabrique de Frédéric Lenormand, ce dernier brosse le tableau d'une France où les femmes restées à l'arrière assument l'effort de guerre en faisant tourner l'économie mais sont réduites à devoir fréquenter des cafés clandestins pour pouvoir boire une bière. En plus de son intrigue fort divertissante, ce roman a le mérite de pointer du doigt la difficile émancipation des femmes pendant la guerre en faisant la lumière sur des comportements qu'il arrive malheureusement de croiser encore de nos jours.
Côté style, j'ai retrouvé la signature de Frédéric Lenormand : un humour omniprésent, un recours permanent aux métaphores et aux jeux de mots, mais aussi une certaine fraîcheur qui commençait à me manquer dans les derniers tomes de la série Voltaire.
En bref
Seules les femmes sont éternelles est un excellent roman qui prouve une fois de plus que Frédéric Lenormand est un auteur talentueux et capable de se renouveler. J'ai particulièrement apprécié la dérision caustique d'un sexisme qui a malheureusement encore de beaux jours devant lui.
Lisez-le si... vous aimez les romans d'aventure sans pause et l'humour en forme de coup de griffe.
Le livre
Seules les femmes sont éternelles de Frédéric Lenormand
Editions de La Martinière (2017), 288 pages
Je remercie les éditions de La Martinière et l'agence Anne & Arnaud pour cette lecture.
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