L'ex-agent du FBI Robert K. Wittman et le journaliste David Kinney reviennent sur l'incroyable découverte du journal intime d'Alfred Rosenberg, l'idéologue en chef du parti nazi. L'occasion de retracer 20 ans d'histoire allemande à la lumière de ce document exceptionnel et subversif.
Quatrième de couverture
Pièce à charge au procès de Nuremberg, mystérieusement disparu avant l’exécution de son auteur, le journal d’Alfred Rosenberg a longtemps fait l’objet d’une quête impossible. « Mis de côté » par un procureur trop collectionneur, échappé de peu des ordures, il fallut tout l’acharnement de Robert Wittman, ex-agent du FBI, pour exhumer le précieux témoignage du maître à penser d’Adolf Hitler. Traversant toute l’histoire du IIIe Reich, des années 1920 à sa chute, du pillage artistique de l’Europe à l’élaboration de la solution finale, Rosenberg façonne les années noires, depuis les coulisses…
Mon avis
Parmi les hauts dignitaires nazis dont la simple évocation du nom fait encore frémir d'horreur, Alfred Rosenberg n'a pas tellement marqué les esprits, comparé à des Himmler, Heydrich, Göring ou Goebbels. Et pourtant, il est l'un des hauts fonctionnaires les plus importants, homme de l'ombre et proche d'Hitler présent dès les premières années d'existence du parti nazi.
Idéologue en chef du parti nazi, Rosenberg est considéré comme "le cerveau d'Hitler" : c'est lui qui aurait mis dans la tête du Führer l'idée d'un complot juif contre l'Allemagne et serait à l'origine des thèses les plus ignobles sur lequel s'est fondé le Troisième Reich. Pendant la guerre, il dirige le vol organisé des biens culturels appartenant aux familles juives d'Europe et prend la tête du Ministère des Territoires occupés de l'Est, coordonnant la déportation et le massacre de millions de citoyens de l'Union Soviétique.
Le journal du diable raconte l'incroyable quête du journal intime de Rosenberg, disparu après les procès de Nuremberg en 1945-1946. Cette pièce à conviction inestimable a été retrouvée en 2013 dans les archives léguées par Robert Kempner, un procureur allemand ayant fui aux Etats-Unis, grande figure de l'accusation pendant les procès de Nuremberg. Le précieux document en main, les auteurs du livre retracent alors, à la lumière des écrits de Rosenberg, l'histoire de l'Allemagne, celle du parti nazi et celle de Kempner qui a traqué les nazis avec une hargne et un acharnement stupéfiants.
Dans cet essai impeccablement documenté, Wittman et Kinney donnent à voir un Rosenberg arrogant mais incompétent, faible plongé dans ses délires théoriques que lui seul comprend, lamentablement manipulé par Hitler et ennemi juré des autres dignitaires nazis, à commencer par Goebbels et Himmler. On se rend rapidement compte que les nazis étaient pour beaucoup des amateurs, en politique du moins, et que la soumission de l'Europe repose davantage sur leur violence inouïe que sur une véritable stratégie politique.
Rosenberg finira capturé, jugé et pendu en 1946 à l'issue des procès de Nuremberg, au cours desquels il jurera n'être qu'un théoricien n'ayant pas connaissance des atrocités commises par les nazis.
En bref
Le journal du diable est un essai très précis sur le rôle de l'idéologue en chef du parti nazi dans la construction, les crimes et la chute du Troisième Reich. Un ouvrage nécessaire pour comprendre cette période sombre de l'histoire européenne.
Lisez-le si... vous voulez connaître les responsabilités individuelles des dirigeants nazis dans l'Holocauste.
Le livre
Le journal du diable de Robert K. Wittman et David Kinney
Editions Pocket (2018), 648 pages
Publié initialement aux éditions Michel Lafon
Je remercie les éditions Pocket pour cette lecture.
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